Instagram, pour le meilleur et pour le pire

Ah instagram… C’est beau, c’est coloré, ça fleure bon le printemps, le soleil couchant et l’autobronzant, le fitness, les belles fesses et les ventres sans graisse, la bouffe healthy, le gluten free et les bikinis ! Mais est-ce réellement le paradis ?

Cette application a été créée en 2010 par Kevin Systrom et Mike Krieger. Elle a rapidement séduit le public des internautes, s’imposant en 2014 comme deuxième réseau social dans le monde avec 300 millions d’utilisateurs. Le 10 avril 2012, elle avait été rachetée par le géant Facebook pour 1 milliard de dollars américains (environ 940 millions d’euros)…
Je fais partie des utilisateurs d’Instagram depuis quelques mois maintenant et, bien que j’apprécie regarder toutes ces jolies photos, je sais bien que c’est un réseau social très critiquable qui ne présente pas que des avantages. Malgré son hédonisme apparent, ses photos de voyages magiques, ses clichés vintage et ses douces couleurs pastel enjôleuses, Instagram est, en fait, constitué de mises en scènes, de retouches et de filtres en tout genre. Un miroir aux alouettes…

L’application se découpe en deux catégories : les comptes d’utilisateurs privés, ceux un peu comme toi et moi en fait, et les comptes «professionnels». C’est au sein de ces derniers qu’on trouve les comptes de pâtisserie, ceux de mode, de voyages, etc. Et c’est souvent dans ceux-là que la mise en scène et la retouche sont reines. On peut alors, pour commencer, parler des «Instagirls». Ce terme a été utilisé pour la première fois par l’édition américaine du magazine Vogue, il désigne des personnalités féminines du monde de la mode et du mannequinat qui se servent de ce réseau social à des fins d’autopromotion. Les premières citées sont toujours Gigi Hadid, Kendall Jenner ou encore Karlie Kloss. Ces jeunes femmes s’aident d’Instagram pour faire leur promotion, à contrario de mannequins plus anciennes (non je ne suis pas une partisane du «c’était mieux avant») qui ont dû travailler dur et gravir beaucoup d’échelons pour accéder à leur métier. Ces instagirls et les personnalités connues en général veulent, aujourd’hui, toujours plus de proximité avec leurs admirateurs. En effet, ces derniers ont un besoin d’identification à leurs idoles. Mais du fait de leur style de vie, cette identification est bien compliquée car, pour la plupart d’entre nous, nous ne possédons pas une belle villa ni un dressing plein à craquer et encore moins une cote de popularité équivalente à la leur.

Et c’est sans parler du physique. Je tiens à citer ici un monsieur au sens de l’observation un peu étrange, selon lui « Gigi et Kendall sont moins maigres que les mannequins habituelles. Plaire au plus grand nombre implique d’adopter des standards de beauté plus normés, moins extrêmes. » Voilà pour l’avis de Anders Christian Madsen, directeur de la mode du magazine i-D. Le mien est tout autre : certes ces deux jeunes femmes sont peut-être «moins maigres» que nos bons vieux mannequins habituels mais elles restent tout de même assez éloignées de la réalité. En effet, dans le quotidien des mortels, il existe une grande pluralité des physiques qui est fort peu visible voir quasiment inexistante sur Instagram. Oui, il y a des corps parfaits dans la vie de tous les jours mais il y a aussi des bourrelets, des trop maigres, des cheveux plats, des petits boutons et c’est cette diversité qui fait la richesse du monde. Peut-être aussi que ce n’est que de la mise en scène. J’ai plusieurs fois lu des témoignages de jeunes femmes ayant fait d’instagram leur métier, elles dévoilent les coulisses de leurs photos parfaites, et oui cela prend tu temps de trouver l’angle de vue où le ventre paraîtra plus fin, les seins plus gros et les cheveux plus brillants grâce au soleil, un petit filtre et hop, le tour est joué. Elles se désolent également du fait que chaque sortie, chaque moment qui fait « cool » devient automatiquement une scène prise en photo. Il faut tout immortaliser, capturer chaque moment qui fera rêver ses abonnés au point de leur ôter tout sens, de dénaturer l’instant présent. Alors oui la photo c’est cool ! Mais quand elle capture un moment réel pas quand elle met en scène une vie inexistante (je ne parle pas ici des photographes professionnels). Pas non plus quand elle est un pur mensonge parce que c’est souvent ça la photographie sur Instagram : un long travail fastidieux et mensonger qui fait croire à une jolie vie aux couleurs chatoyantes !

Je dis ça et en même temps je ne suis pas d’accord avec moi-même, car, finalement j’aime bien voir ces clichés qui font rêver, ces beaux paysages. Effectivement je voudrais qu’on arrête d’exposer uniquement des jolies filles aux corps de rêve mais il est vrai que c’est agréable de rêver un instant vivre des moments magiques comme ceux qui semblent être vécus par les pros d’instagram. Evidemment je parle de mon compte à moi où je ne vois que des photos de paysages somptueux, de voyages et de nourriture (oui il faut bien l’avouer) mais je ne supporterai pas de suivre les comptes de mannequins comme celles citées en début d’article.

Instagram est un chouette moyen d’évasion à condition de ne pas manquer de lucidité. A condition aussi de continuer à se regarder sans trop se déprimer ! Parce que, non, on ne l’atteindra pas cette jolie vie artificielle faite de voyages, de piscines et de belles fringues !

Lise (dessin de Romane)

image libre de droit (pixabay.com)