La littérature, c’est pas que pour les Bobos !

Éveil 2016. Rush bac go. ARGH, toujours ce sacré Camus, ou Nietzsche le rigolo entre bibi et la tranquillité. Oh et puis, je dois écrire cette disserte sur la nécessité de l’art ou je ne sais plus quoi. Ch’est dur pour sûr.
Attends, mais qu’est-ce-que je raconte ? C’est génial en fait ?! Non, vraiment ! Pas de second degré là. Gros veinard que je suis, je vais encore devoir croquer dans la littérature. T’en veux un bout ? Viens, je te jure, c’est sympa !

 

J’avoue en avoir un peu ma claque de ce rejet global de la littérature. Je ne dis pas que blablabla il faut lire au moins 5 livres et nouvelles par jour, mais ne pas dire beurk et Mallarmé dans la même phrase, ce serait déjà un bon début. Ou à la limite : «beurk, tu ne lis pas de Mallarmé ?!» Là, ça passe. Allez, je me lance : LES MOTS, C’EST CHOUETTE. Écrire et lire aussi. Voilà, c’est dit. Tu connais toute la vérité. Ouvre les yeux, tu le savais depuis le début en fait. Tu te voiles la face depuis des décennies mais MAINTENANT TU VOIS ! C’est le vrai idylle, le grand amour, le Roméo ET la Juliette 2 en1 ! Tout ce dont tu as besoin pour assurer ta pensée et la formuler. 100% satisfait, pas même besoin de préciser un potentiel remboursement !

Pourquoi connaître auteurs et OEuvres, c’est fabuleux ?

C’est pas super futé de demander, mais je vais quand même te dire ce que j’en pense. Les poulpes sont une espèce très intelligente en fait, avec des capacités d’apprentissage, de logique et de raisonnement quasi aussi développées que les nôtres. Alors, me diras-tu, pourquoi ne sommes-nous pas en guerre contre des révolutionnaires poulpes ? Eh bien la maère poulpe (accent québécois pour mettre dans l’ambiance) met au service 120 % de son énergie à protéger ses enfants pendant leur naissance et les temps qui la suivent. En résulte sa mort tragique, et donc une incapacité à transmettre ce qu’elle a appris tout au long de sa petite vie.
Et toi, quand tu refuses Apollinaire, Kant ou Shakespeare, TU TUES TA MÈRE ! (ceux qui ont la ref du coup maintenant avec l’accent québécois… bien joué !)
Bah oui, si tu ne t’y intéresses pas, elle meurt, ta pauvre littérature. Et avec elle, tout ce qu’elle pourrait te transmettre pardi ! Tu repars de 0, tu es poulpe. Tu rampes par terre au lieu de voler comme Icare, même si, bien trop couillu comme il était, il en est mort ! Et en plus, tu ne peux même pas comprendre cette phrase !
Allez, ressaisis-toi ! Tu peux le faire. Oublie tes 8 régimes, tes devoirs, ton pote qui veut absolument jouer à Pokémon. Tu leur dis « merde », « merde », et « Qu’est ce que tu fous encore sur version rouge ? » S’en suivra un débat incroyable sur la qualité de telle ou telle version du jeu aux poket monsters, et boum, t’auras perdu un temps précieux que tu aurais pu utiliser pour découvrir Asimov. Du coup, premier pas vers l’autonomie littéraire : tu lui dis « merde » aussi. Ouah. Bonne chose de faite.
MAIS PAS ENCORE ASSEZ !

De la nécessité d’écrire

Maintenant, c’est vrai que de t’ouvrir le cerveau et les veines avec du Rimbaud ne va pas aboutir à autre chose que ta snobinardisation, et de l’amplitude dans tes discussions. Mais grâce à tous ces écrits, tu peux maintenant t’exclamer « pas de limite à mon pouvoir », à l’instar de PALPAT SIDIOUS (pas de la littérature Star Wars ? ET ALORS?). En effet, tu es en possession de l’arme ultime : tu sais maintenant polir les mots. Tu te souviens de tous ces auteurs ennuyeux que tu envoyais paître ? Fais mieux. Crée les scènes les plus surréalistes, dessine ton sourire blessé et tes larmes hypocrites, arpente les rues du monde entier, mens encore et toujours ; ris, aussi. Utilise ce merveilleux talent pour enfin dire tout ce que tu penses, mais bien, de façon réfléchie, inédite, utile. Et à partir de là, tout est possible. Next goal : ton propre livre.

Bah si, sinon c’est un peu du gâchis. En plus ça va, je ne t’impose pas de genre : fais ce que tu veux. MAIS FAIS, pense à ta mère. Rends à César ce qui est à César, god damn ! Et, pourquoi pas, au terme de tout ça, avoir des lecteurs ? Qui se compteront sur les doigts d’une main ou en pagaille, peu importe. Des curieux, des envieux, des admiratifs et des haineux. Il en faut des deux, sinon tu ne peux pas utiliser ta répartie entièrement : c’est comme la force, côtés lumineux et obscur : les remerciements et les clashs. Tout ça tu sauras faire, promis.

 

Tu doutes encore ? Bien ne doute plus dâme. Et si vraiment les mots t’effraient, dessine, peins, photographie, danse, film, et, au pire, écris, c’est vraiment très bien, et tu peux le coupler au reste. Quoi qu’il en soit : c r é e. Invente, réinvente, déforme, mais surtout partage. Dans la seconde ou à l’aube de ta soixantaine, m’en fiche. Mais signe, donne, contemple. Demain, tu n’es plus là, tu laisses quoi derrière toi ? Sois fier pour autre chose que ta coiffure et ton monocle pardi. Tout peut arriver sous ta plume, tes plumes.

 

Mathurin (illustrations de Blaise)