Shame on you !

Parce que de nos jours une certaine partie, ne serait-ce que minoritaire, de la population est choquée lorsqu’elle entend : “va te changer on dirait que tu sors faire le tapin !”, je pense qu’on est prêt à aborder ce sujet sensible qu’est le slut-shaming.

  Le slut-shaming (de l’anglais “humiliation des salopes”, pour rentrer dans le vif du sujet) est une expression très répandue aux Etats-Unis qui fait référence à la stigmatisation des femmes par rapport à leur sexualité. Ce que j’entends par là, c’est tout simplement qu’une femme (ou même une fillette de 12 ans) va se voir porter un jugement sur son apparence et sur son comportement, notamment sur son rapport avec les hommes.
Et ça se traduit comment alors, me demanderez-vous ? Les exemples les plus courants sont ceux des insultes dans la rue, mais ça peut malheureusement aller beaucoup plus loin.

La gente féminine découvre très tôt ce phénomène, même si elle n’en a pas forcément conscience. C’est une éducation qui se construit petit à petit, remarque après remarque. Dès notre plus tendre enfance, nous sommes élevés dans un univers qui nous offre une image très précise de la femme correcte, une image ne laissant pas de place aux jupes courtes.
L’image d’Heidi jouant dans sa prairie est très loin de la réalité, celle d’une société où les jeunes filles devraient parler librement de contraception avec leurs parents ou leurs amis. Vous l’aurez compris, dans notre belle et très tolérante société, il existe un type femme acceptable et les autres qui devraient rester cachées (ou alors se faire violer d’après certains, si si j’vous jure !).

Pas que les hommes…

Attention, entendez-moi bien, je ne blâme pas uniquement nos congénères masculins pour cette situation, car les femmes sont les premières à critiquer leurs homologues pour un short un peu trop court (mais où est passée la solidarité féminine ?!). C’est tout d’abord à nous de montrer que cette situation n’est pas convenable. Que chacun, comme chacune, devrait pouvoir se comporter comme il l’entend.
Bien sûr, je ne dis pas qu’il faut arrêter de juger l’autre, c’est comme cela qu’on choisit qui l’on souhaite avoir comme ami et qui l’on ne supporte pas. Mais ces jugements devraient être les mêmes qu’ils soient portés à l’égard d’un homme ou d’une femme, en bref, moins hâtifs et plus réfléchis. Une femme n’est pas moins fréquentable qu’un homme lorsqu’elle a une sexualité tout aussi assumée que ce dernier, et pourtant c’est bien ce que l’on entend de nos jours (et depuis toujours !) : une femme qui a eu beaucoup (bien sûr, tout est relatif) de relations se voit dégradée alors qu’un homme dans le même cas ne recevra aucune critique, voire même des éloges parfois.

La sexualité ne concerne que les individus qui la vivent, alors pourquoi aller créer une réputation de “pute” à une fille dont vous avez entendu qu’elle a couché avec un tel ? Ca ne changera rien pour vous. En revanche, pour elle, si.

Vous venez de décupler par 50 ses chances de se faire insulter dans ce lycée, félicitations.

Conseil….

Enfin messieurs, bien que vous aussi, vous ayez grandi dans cette société, il n’est pas trop tard pour exprimer votre désaccord ! N’oubliez pas que, non seulement, en rabaissant de cette manière les femmes vous les rendez bien moins intéressantes (et elles vous le rendront bien…) mais qu’en plus, en acceptant ces diktats, vous donnez raison à ceux qui pensent que vous êtes incontrôlable face à une femme portant une tenue “sexy”.

C’est bien connu, les hommes ne savent pas contrôler leurs hormones…

Or une sexualité assumée ou une tenue qui met en valeur le corps d’une femme (ou pire les deux !) signifie qu’elle est partante pour se faire agresser. En conséquence, il faudrait retirer les peines qui sont prévues contre les violeurs et plutôt trouver des lois pour empêcher les femmes de s’habiller n’importe comment !

Tout prend son sens ! Des codes vestimentaires… mais attendez ! Suis-je bête ? Ca existe déjà! Il suffit de se référer à tous les règlements vestimentaires que l’on peut trouver notamment dans nos écoles (bah oui c’est bien connu, c’est dès la maternelle qu’on doit leur apprendre à ne pas devenir des salopes).

À côté de ça, on nous vend des corps de femmes hypersexualisées à toutes les sauces. Tous les jours de nouveaux clips musicaux sortent. Leur contenu plus de 70% du temps ? Des femmes nues ! Jusque là, ce n’est pas forcément un problème, seulement pourquoi l’inverse n’est-il pas vrai ? D’autant plus que les chanteuses seront les premières à se vendre pour faire de l’audience, merci Miley !… Alors qu’avant de trouver un chanteur sans pantalon, il faut chercher (non pas que je vous invite à le faire…).
Ainsi, nous vivons dans une société qui entretient ce rapport ambigu à la femme, elle se devrait de rester dans le tout petit espace de 3 cm² qui représenterait ce qu’est la convenabilité. Sois belle, mais pas trop et surtout, tais toi !
Heureusement tout le monde ne partage plus cette vision des choses, mais elle reste tout de même profondément ancrée dans nos moeurs. La femme se retrouve à jouer à twister, se contorsionnant dans tous les sens afin d’essayer de répondre à toutes les normes qu’on lui impose.

Mais nous n’oublions pas nos amis garçons qui ont aussi leur lot de stéréotypes à remplir, sous peine de perdre la face. Je sais bien, votre vie aussi est dure, alors pourquoi ne pas faire une trêve et oublier toutes ces obligations un instant, pour enfin être ce que l’on voudrait être ?

Enfin pour finir ce “petit” coup de gueule sur une grande victoire, l’état de Californie a rendu imprescriptible le viol. Concrètement ça veut dire qu’une victime peut porter plainte même plusieurs décennies après les faits, elle n’est plus limitée dans le temps. Cela posait souvent problème, car il est très dur de sortir du silence et que ce processus qui prend beaucoup de temps était souvent à l’avantage des violeurs.

À quand la même décision en France ?

 

Claire (illustrations d’elle-même avec Blaise et de Rosanna)