La pornographie, ma meilleure amie

Si vous vous attendez à un discours moralisateur qui dénonce les torts de la pornographie, sachez que ce ne va pas être le cas ici.
Si vous cherchez à vous purifier l’esprit, je vous invite à consulter le formidable et breton LinksTheSun, sur Youtube, qui vous expliquera en 20 points pourquoi le porno c’est pas bien. Et si vous voulez en savoir plus sur l’histoire de ce phénomène, je recommande l’article de Steven consacré à ce sujet dans le troisième numéro de votre chère Gazette Saucisse, détaillé et instructif.
Après ces quelques références de bon aloi, voici ce que moi, jeune adolescente lambda, ai à dire sur le sujet.

L’idée d’écrire cet article m’est venue suite à une prise de conscience : aujourd’hui, le porno est partout, accessible, et normal. Et chez nous autres adolescents, c’est presque devenu un « rite de passage » vers l’âge adulte, selon les sociologues.
Au cours de mes recherches, je suis tombée sur cette anecdote qui illustre bien mes propos : un professeur de Montéral a dû abandonner une étude qu’il avait lancée en 2013 car il n’a pas pu trouver un seul jeune homme qui n’avait jamais vu de film porno. Le plus fou dans l’histoire, c’est que je n’ai pas été surprise.
C’est peut-être parce que je viens d’un milieu libéré (dédicace à mes chers et tendres collègues de L et de théâtre) mais, pour moi, le tabou n’est plus. Le porno, c’est normal, ça devient une vanne, on se charrie. Qui n’en a jamais vu ?
Evidemment, pour accéder à ces images, il faut être majeur. Mais l’intérêt d’Internet, c’est le nombre incalculable de combines pour contourner les restrictions. Autant vous dire que « 18ans et + », ça nous fait doucement rigoler.

Devons-nous donc nous inquiéter de la place que prend le porno dans nos vies ?
C’est prouvé, de nombreuses études le confirment : les jeunes prennent trop souvent ce à quoi ils assistent devant leur écran pour un exemple. Malheureusement, cela influe sur leur confiance en eux et détraque leurs relations. C’est triste de se dire que l’époque des premières expériences est faussée par les idées préconçues que certains ados ont à cause de la pornographie.
Par ailleurs, un garçon a en moyenne 11 ans quand il voit pour la première fois des images pornographiques. C’est l’âge de mon petit frère, autant vous dire que le chiffre fait mal.
Et les sites pornos proposent de tout : du « Teen » au « Milf » en passant par le fameux « Hentai » », toutes les catégories possibles sont disponibles. Je vous conseille d’ailleurs de prendre certaines précautions : un clic par erreur, des tentacules de pieuvre sont impliquées dans une situation particulière, et hop, traumatisé ! Internet regorge de surprises, et on se passerait bien de certaines.
J’en plaisante, mais les risques d’images choquantes sont réels. Je prends pour exemple l’industrie méconnue mais bien installée de la pornographie infantile. L’UNICEF estime qu’il y a environ 4 millions de sites qui proposent des images à caractère sexuel de jeunes mineurs. Ce sont des chiffres comme celui-ci qui devraient nous inquiéter.

Jusqu’où continuera la frénésie des films X ? A priori, elle est loin d’être terminée. La dernière innovation dans ce domaine est le VRP, Virtual Reality Porn. Vous voyez les sortes de casques-lunettes de Réalité Virtuelle pour les jeux vidéos ? Et bien il existe désormais la même chose pour les films pornos. Et oui les amis, rien n’arrête le progrès.
La pornographie est un secteur en croissance économique, certes (5 milliards de dollars de revenus en 2014), mais il ne faut pas oublier que cela reste un milieu sombre. Beaucoup joignent cette industrie contre leur gré, et n’en ressortent jamais. Enfin, je ne vous apprends rien, mais il est toujours bon de se rappeler ce qu’implique une simple vidéo. Ce qu’il y a derrière l’écran.
Voilà, c’était la minute moralisatrice. Sur ce, ai une pensée pour cet article, adolescent qui me lit, quand tu lanceras ce soir une énième vidéo. Et si cette dernière n’implique pas de tentacules, je te souhaite d’en profiter.

 

L’Ermite (Dessins de Tristan et d’Aline)

Article publié dans le dossier Sexualité de la Gazette 16