LE CHANGEMENT C’EST MAINTENANT, scandait François Hollande pendant les élections présidentielles en 2012. Pourtant les lycéens ont attendu, encore attendu, le changement n’est jamais arrivé.
Heureusement le studieux Macron est arrivé crayon en main, le sac rempli de réformes et bien décidé à graver son nom dans les livres d’Histoire. Dans cette foule de changements, une partie d’entre nous va servir de cobayes pour les nouvelles réformes de l’Éducation nationale : la génération qui fait la transition entre deux millénaires, entre le lycée et les études supérieures, les Terminales.
La Terminale est LA classe la plus importante du lycée, c’est l’année où vous formulez vos vœux pour vos études supérieures, c’est celle où vous décidez de votre avenir. Ce n’est ni l’année du lion ni du dragon, c’est celle l’orientation ; un sujet qui pose souvent problème : Certains élèves se voient refusé·e·s tous leur vœux et se retrouvent sans rien, d’autres s’y prennent trop tard et vont dans des filières par défauts, etc. Face aux grosses lacunes dans ce domaine, une nouvelle réforme est mise en place : Le Plan Étudiants.
Qu’est-ce qui change ?
– Deux semaines d’orientation sont mises en place ; une première fin novembre – début décembre et une deuxième entre Janvier et Mars. La première a pour but de « stimuler la réflexion des lycéens » et la deuxième doit « consolider le projet de chaque lycéen ».
– Les classes de terminales sont dotées d’un·e deuxième professeur·e principal·e.
– Le conseil de classe a maintenant un avis consultatif sur votre orientation : au premier trimestre, il formule des recommandations ; au deuxième trimestre, les vœux d’orientations sont examinés.
– Les vœux sont maintenant limités à 10 choix non classés mais vous êtes assuré·e d’obtenir une réponse pour chaque vœu. Vous avez aussi davantage de possibilité de vœux groupés.
– Certaines filières « en tension » (avec trop de demandes par rapport au place) sont enrichies avec 130 000 places supplémentaires.
– Votre accès à l’université ne peut plus être refusé mais pour accéder à la licence de votre choix, vous devrez peut-être avoir à faire une année supplémentaires dans un module (…) pour ensuite accéder à votre vœu.
/!\ Certaines filières trop demandées comme les FAC de psychologie ou les STAPS peuvent vous refuser l’entrée.
– Le tirage au sort est supprimé.
– La plateforme APB a été supprimée pour faire place à une nouvelle plateforme « Parcours Sup’ ».
– Les Mànaa (Mise à Niveau Arts Appliqués) sont supprimées dans certaines académies et vont être remplacées (nous n’avons pas plus d’information pour l’instant).
Est-ce vraiment utile ?
Oui et non, même si l’initiative du gouvernement est louable, il ne faut pas être dupe, la plupart de ces changements ne sont là que pour la forme, pas pour le fond. Le programme des deux semaines de l’orientation est librement décidé par les lycées, rien de concret donc ; tout est basé sur la bonne volonté et les ressources qui sont à disposition du personnel scolaire pour qu’ils puissent mettre en place des événements. La mise en place d’un·e deuxième professeur·e principal·e pourrait être utile mais va sûrement s’avérer trop compliqué à gérer pour prouver son efficacité : Comment se répartir les élèves ? Pendant quelle période les deux professeurs principaux pourraient intervenir ? Et surtout, où trouver un·e second·e professeur·e principal·e ? Ce rôle en apparence simple demande une énorme quantité de travail et des heures en plus pour des professeur·e·s qui font souvent des semaines de plus de 35h. Un conseil de classe qui accompagne mieux les lycéens, assez innovant comme idée ! Mais ce n’était pas déjà fait ? Les professeurs sont très souvent à l’écoute des élèves pour les guider sur leur projet d’orientation. Bref, la liste est longue et à part l’ouverture d’une nouvelle plateforme et la fin du tirage au sort (qui fait grincer des dents des syndicats lycéens), le reste sert à maquiller un manque évident d’investissement de l’état dans l’éducation.
Finalement cette réforme n’est qu’un grand plan de communication pour faire croire aux lycéens·nes qu’ils/elles vont être mieux accompagné·e·s pour leur orientation. Cependant, c’est aussi une preuve de la « bonne volonté » de l’éducation nationale avant que soit lancé quelque chose de beaucoup plus imposant, une réforme qui va bouleverser l’éducation lycéenne.
Cassandre