Eva Lagarde, élève de terminale S en section Handball, s’apprête à aller arbitrer les Championnats du monde UNSS de Handball au Qatar. Pour l’occasion, la Gazette lui a posé quelques questions afin d’en savoir plus sur elle.
Je m’appelle Eva Lagarde, j’ai 17ans. Je suis en Terminale S et je souhaite intégrer un centre de formation de Handball et devenir joueuse professionnelle. En parallèle, je veux rentrer en STAPS afin de pratiquer, à terme, le métier de kinésithérapeute. Je viens d’arriver au lycée en section handball, et j’ai commencé l’arbitrage cette année avec la section masculine de l’UNSS.
Quand as-tu commencé le hand ?
J’ai commencé le handball à l’âge de 11 ans, mes parents sont d’anciens joueurs de haut niveau et mon grand frère est joueur professionnel à Nantes. Je suis donc baignée dans ce sport depuis toute petite. Je suis rentrée au CLÉ en 4ème. Avec l’équipe de Bretagne, nous avons été championnes de France. Puis j’ai intégré le Pôle espoir handball de Brest en seconde, où j’ai été présélectionnée en équipe de France, mais suite à une blessure je n’ai pas pu participer au stage. Je suis donc revenue sur Lorient afin de me soigner. J’ai repris le hand à Jean Macé cette année.
Comment s’est passée ta sélection ?
Amélie Sigwart, coach de la section masculine, m’a proposé d’arbitrer les interacadémiques UNSS. Je suis donc partie avec les garçons du 10 au 12 janvier à Sarrebourg (Moselle) au Championnat de France où j’ai été validée arbitre nationale. Avec mon binôme d’arbitrage, nous avons été sélectionnés pour arbitrer la finale. Lors du match, l’ambiance était tendue mais nous avons réussi à maîtriser le jeu et à faire en sorte que cette finale aille à son terme. A la suite du Championnat de France, la fédération m’a proposé d’arbitrer les Championnats du monde de handball UNSS au Qatar.
Comment va se passer le voyage au Qatar ?
Je pars du 20 février au 2 Mars à Doha (capitale du Qatar) avec l’équipe de Valence, je vais arbitrer des rencontres de haut niveau. Nous allons devoir arbitrer en anglais ce qui n’est pas forcément facile pour ma part.
Est ce que le rôle d’arbitre t’intéresse plus que celui de joueuse ?
Je préfère mon rôle de joueuse pour le moment même si l’arbitrage permet de découvrir une autre facette du handball. En tant que joueur ou spectateur on ne se rend pas forcément compte de l’importance du rôle de l’arbitre et on a tendance à contester ses décisions.
Comment vis-tu la pression qui repose sur l’arbitre ?
L’arbitre est maître du jeu et pendant un match tout peut basculer suivant ses décisions. Il faut être neutre et juste des deux côtés. Le principal rôle de l’arbitre est de protéger le joueur : le handball devient de plus en plus un sport de contact.
Tu as arbitré les championnats de France de hand UNSS, ton arbitrage a fait l’objet d’insultes (sexistes notamment), comment as-tu réagi ?
Une des deux équipes a beaucoup contesté mes décisions au cours du match. Des joueurs m’ont insultée pendant et à la fin du match, tout comme le coach. J’ai un fort caractère donc je ne me suis pas laissée faire.
A la gazette on parle beaucoup du sexisme dans nos articles, on aimerait bien avoir ton avis là-dessus. On dit souvent que c’est plus facile pour un garçon de percer dans le sport et c’est surtout moins inattendu ; pour les filles ça semble plus compliqué d’assumer ce choix et on a l’impression qu’il faut davantage se battre pour réussir. Est ce que tu es d’accord avec ça ou tu vis juste ta passion tranquillement et que, fille ou garçon, ça ne change rien ?
Les filles sont en effet moins médiatisées mais je pense qu’ il faut se donner les moyens de réussir. Que ce soit pour les garçons ou pour les filles, le chemin est long. Les obstacles sont les mêmes pour les deux sexes. A mon avis, il ne faut pas prendre en compte ce qui est dit, au contraire il faut prouver que nous sommes capables de surmonter ces obstacles. Pour ma part, j’ai un rêve et je ne compte pas abandonner à cause d’une blessure ou d’échecs. Il faut persévérer, comme dit le dicton : « Je suis maître de mon destin et capitaine de mon âme ». Je ne perce pas dans le sport par féminisme, je veux juste vivre ma passion et réussir mon double projet.
Merci et bon voyage !