Que de bruits, de mots et d’articles depuis l’arrivée dans l’actualité de l’affaire Harvey Weinstein ! Si tout le monde n’a pas toujours un avis intéressant sur cette question, les médias sont littéralement saturés et nous, lecteurs et spectateurs, nous perdons l’essentiel du message qui doit passer : non aux harcèlement et aux agressions sexuelles ! Notre société doit évoluer vers davantage d’égalité et de justice. Retour sur une affaire qui n’a pas fini de faire parler d’elle…
Harvey Weinstein est un producteur américain très influent dans le monde du cinéma. Il a contribué à de nombreux films de Quentin Tarantino ou Martin Scorsese. Le 05 septembre dernier, le New York Times publie une tribune, des femmes y témoignent contre Weinstein et dénoncent des agressions sexuelles, des viols et du harcèlement sexuel.
C’était connu qu’à Hollywood M.Weinstein pouvait apparemment mettre en lumière de jeunes actrices, où dans certains cas, avait le pouvoir de les en éloigner, c’était en quelque sorte un « marché » sexuel.
Il manipulait des jeunes femmes, leur donnant rendez vous dans des hôtels…
L’affaire Weinstein a troublé Hollywood qui a été plongé dans le chaos : films et séries annulés, tournages en retard, soupçons et dénonciations, comme, par exemple, Woody Allen, qui tout récemment, s’est vu être accusé de harcèlement sexuel par sa fille adoptive.
Après l’apparition de cette tribune, Weinstein s’est vu licencié de la Weinstein Company et expulsé de l’Académie des arts et des sciences du cinéma.
Il a répondu à la publication de ces accusations dans une lettre commençant par ces mots : « Je suis devenu adulte durant les années 60-70, période durant laquelle les règles de comportement et de travail étaient différentes ». Suite à ça, il a dit s’écarter de sa compagnie pour s’occuper pleinement de ses « démons internes » qu’il soigne grâce à une thérapie. Il rappelle que dorénavant il se concentrera sur la NRA, association qui défend les droits de commerces des armes à feux aux États Unis et qui se dit protéger les droits civiques… Les plaintes portées contre lui suivent leur court et aboutiront sans doute à une ou plusieurs condamnations judiciaires.
Cette affaire très médiatisée est une vague qui a déferlé partout sur les réseaux sociaux par l’intermédiaire des hashtags : #balancetonporc ou #metoo. Des femmes du monde entier, qui, elles aussi on témoigné et témoignent encore d’agressions sexuelles et de harcèlement. Ce mouvement planétaire a littéralement libéré la parole des femmes sur certains faits restés cachés. Grâce à l’effet de masse, plusieurs femmes ont témoigné de ce qu’elles subissaient au quotidien.
Quatre mois après la tribune du New York Times, le 9 janvier dernier, Le Monde publie à son tour une tribune signée par une centaine de femmes. Ce texte prône la liberté d’importuner et critique un féminisme qui véhicule la haine des hommes.
Signée par des grandes célébrités, comme Catherine Deneuve, la tribune dénonce les effets de masse de notre société qui juge et condamne tout ce qu’elle voit. L’actrice rappelle être elle-même féministe et avoir été l’une des 343 salopes qui, en 1971, avaient signé dans le manifeste « Je me suis faite avorter ».
La tribune, qui prône la liberté d’importuner, dit qu’une main sur un genou, ce n’est pas blâmable, qu’il s’agit d’une simple drague maladroite. Et que l’effet de masse véhiculé par le #metoo et #balancetonporc, qui a soulagé un grand nombre de femmes, n’est qu’un mouvement qui prône la haine des hommes.
Liberté d’importuner ? L’expression, déjà, est un problème. Importuner quelqu’un, c’est porter atteinte à sa liberté. Sous aucun prétexte on ne peut toucher quelqu’un qu’on ne connaît pas avec l’excuse d’une drague maladroite simplement parce que l’envie nous vient. Une main baladeuse et des propos déplacés n’ont rien à voir avec une relation consentie dans le respect mutuel.
Nos corps nous appartiennent, personne, a priori, n’a le droit d’y toucher sans un consentement mutuel. Un homme qui se frotte sur une femme, ce n’est pas acceptable. En tout cas ça ne s’appelle pas « une drague maladroite », mais plutôt une agression sexuelle.
Les propos de la liberté d’importuner sont d’un autre temps : aujourd’hui ce ne sont pas des mains sur un genou, dans le métro, que les femmes subissent, et même une main sur le genou, si se n’est pas de l’ordre du consentement mutuel, cela n’a pas lieu d’être. Les agressions sont aujourd’hui bien plus violentes et traumatisantes. Catherine Deneuve dit en avoir assez que partout des avis soient donnés, que l’on condamne des réalisateurs pour un acte commis une vingtaine d’années auparavant, mais en expliquant son propos, elle donne sont avis, un avis qui, grâce à sa renommé internationale est repris et commenté d’autant plus ! Elle dit de notre génération qu’elle crée des mouvements de groupes extrémistes et où la liberté sexuelle meurt sous les coups du consentement mutuel, elle dit qu’aujourd’hui nous créons des vagues d’actualités énormes où une petite faute mène à un lynchage médiatique public. Sa tribune a circulé dans le monde entier et a aussi créé une vague.
Ces polémiques et ces discussions sans fin où nombreuses sont les personnalités à vouloir imposer leur point de vue nous éloignent du sujet principal : le harcèlement et les violences sexuelles subies par les femmes.
Quand est-ce que les femmes pourront-elles se considérer être des êtres humains à part entière ?
Quand pourront-elles s’estimer être l’égal des hommes ?
Quand pourront-elles s’exprimer, sans qu’elles ne soient réprimées, sans être au service des hommes, sans être critiquées de partout ?
Quand pourront-elles faire ce qu’elles veulent sans être victimes ?
Quand est-ce qu’on arrêtera de dire aux femmes de ne pas rester dans des positions de victime, alors que le problème vient de l’agresseur ?
Chloé (dessin de Romane)