Là où l’urbanisation passe, la nature trépasse. Pourtant, ils sont toujours là. Seuls face à l’envahisseur, les irréductibles zadistes résistent encore et toujours.
Sur votre télé défilent les images des ZADs: punks à chien et blacks blocks lancent leurs Kronenburg vides sur les CRS, crient des slogans à peine compréhensibles et construisent leurs cabanes hideuses dans les champs de nos honnêtes agriculteurs.
On a essayé d’aller un petit peu plus loin et de tenter de comprendre les véritables motivations de ces Astérix des temps modernes.
Une gestion du territoire obsolète ?
La culture des immenses infrastructures, héritage d’une France des années 60, hante toujours les projets d’aménagement du territoire. Autrefois symboles de réussite économique et politique, ces encombrants vestiges des trente glorieuses paraissent aujourd’hui totalement anachroniques : démesurés, hors de prix, et ne répondant plus aux besoins de notre époque. Pourtant, on continue de vouloir bâtir toujours plus grand, et ces « grands projets inutiles » ne cessent de fleurir. Malgré les crises écologiques et économiques, le gouvernement continue à encourager la construction de centres commerciaux géants, de parcs aquatiques, d’aéroports et de barrages. Nostalgie politicienne d’une époque plus radieuse, ou inconscience des responsables de la gestion du territoire ? Probablement un peu des deux. Cependant, ces aberrations territoriales ne passent pas inaperçues aux yeux d’une certaine partie de la population : bien souvent, ces projets se heurtent à la formation de ZADs.
Laboratoires d’expériences sociétales ou utopies naïves ?
Ces zones à défendre sont avant tout des unités spatiales de luttes politiques. Cependant, depuis le mouvement de lutte du Larzac, on observe que ces zones évoluent en véritables laboratoires d’expérimentations sociétales, où des citoyens viennent s’installer pour proposer des modes de fonctionnement alternatifs.
À l’heure où les évacuations s’enchaînent, la voix des ZAD porte toujours plus loin, rayonnant comme lieux de construction d’alternatives à notre modèle actuel. On y cherche une nouvelle façon d’habiter, de manger, de travailler ; on explore des nouveaux horizons de vie. C’est cette expérimentation qui fait de la ZAD un lieu si précieux, s’opposant à une TINA (« There Is No Alternative ») plus féroce que jamais. Cependant, ces tentatives pourraient paraître vaines : ces expériences restent très autocentrées, et – ultimement – n’ont que très peu d’impact sur l’immense majorité de la population. On a aussi en tête les nombreux essais de vie en communautés autarciques qui fonctionnent pendant quelques années mais qui peinent à s’installer durablement (communautés hippies, survivalisme ), et finissent par s’effondrer sur elles-mêmes.
ZAD partout
Les ZADs restent indispensables, elles nous proposent des modèles sociétaux différents mais elles ne doivent pas se suffire à elles-même: leurs idées doivent se propager jusque dans la société où le besoin d’alternative se fait de plus en plus sentir. C’est toute la culture de la ZAD qui doit nous atteindre: une culture prônant la diversité, le partage et le rejet d’une façon de penser la société aujourd’hui obsolète.
Cassandre et Blaise (dessin de Blaise)