Peut-être faudrait peut-être s’attarder sur le symbole numéro 1 de Noël, que personne ne semble jamais questionner alors que franchement, il y aurait de quoi : le Père Noël. PÈRE NOËL. Outre l’évident problème sémantique que pose cette expression (le père de qui ?!), il y aurait deux ou trois petites choses à redire sur cette figure indéboulonnable.
Déjà, on ne peut vraiment pas faire mieux comme figure patriarcale, à part peut-être Dieu, et encore, on lui laisse le bénéfice du doute. Pensez-y : le symbole mondial de la générosité et de la bienveillance, c’est un homme blanc de plus de 50 ans (beaucoup plus). Mère Noël à côté, elle respire l’affection à peu près autant qu’une planche de bois, et je suis sûre qu’en secret elle torture des lutins dans sa cave, pendant que Papi boit sa Kro dans un fauteuil matelassé en feuilletant 30 millions d’amis. Enfin, cela dit, la gentillesse sans limites de Papa Noël est discutable : on nous fait croire qu’il fait le tour du monde en une nuit pour satisfaire tous les petits morveux de la Terre, mais déjà moi je l’ai jamais vu ; ensuite d’un point de vue logistique ça paraît compliqué de tout transporter dans sa vieille hotte crasseuse, et enfin, le vieux barbu a l’air plus sélectif qu’il veut bien le faire croire, puisque les enfants dont les parents gagnent un demi-SMIC voient rarement la couleur du hand-spinner jantes chromées qu’ils avaient demandé. En fait le Père Noël, c’est surtout un gros mytho. Et un esclavagiste. C’est vrai que les lutins, on en entend beaucoup parler, mais tant que j’aurai pas vu un bulletin de paie en bonne et due forme, j’aurai du mal à croire qu’ils se font pas exploiter. Et je veux bien qu’ils aient des compétences techniques, mais je doute qu’ils soient capables de fabriquer un iPhone X, donc faudrait jeter un oeil au nom de leur fournisseur. Quand Papounet sera accusé de crime contre l’humanité, ça va faire bien sur le CV tiens. Dans cinq ans tu le croiseras dans la file d’attente à Pôle Emploi (car Parcoursup nous y destine tous), faudra pas t’étonner. Par contre, ça va salement casser le rêve. Pas le mien hein, il est mort depuis que mon père a fait tomber le sapin en pleine nuit en mettant les cadeaux ; non, le rêve de tous nos chers bambins que l’on endort à coups de magie de Noël et de poudre aux yeux. Y a-t-il vraiment besoin d’un vieux gars qui n’existe pas (et qui en plus est vendu à Coca) pour profiter de moments qui, eux, sont bien réels ?
Noël c’est pas moins bien depuis que je sais que ce sont mes parents qui se saignent à m’acheter mes cadeaux. C’est juste différent.
Différent parce que j’ai arrêté de commander des pandas ou des clones de mon amoureux, mais différent surtout parce que je suis plus consciente des enjeux de cette fête, et de ce qui compte vraiment. Vive la bûche.
Nell