Voilà bien un phénomène peu abordé par les médias mais qui derrière nous se développe et pose question : le saviez-vous ? Les sciences, dans tous leurs progrès, savent maintenant manipuler la génétique. Pour ceux qui se souviennent de leurs cours de seconde en SVT, la génétique est le fondement même de l’être vivant. Les gènes sont grosso modo les codes de composition d’un vivant, que ce soit sa forme, sa couleur, et même la taille des doigts de pied. Tout est défini par nos gènes. Il faut maintenant s’imaginer un monde où l’on peut les manipuler… Voilà le coeur du propos. On peut aujourd’hui choisir la couleur des cheveux d’une future progéniture. C’est ce que l’on appelle l’eugénisme.
Déjà imaginé par des dystopistes du 20e -Huxley et Le Meilleur des Mondes-, l’eugénisme est au coeur du débat bioéthique contemporain, et est en pleine effervescence. Là, plusieurs partis s’affrontent : être contre la manipulation de l’être humain et être pour, avec toutes les difficultés que cela engendre.
C’est beau d’être contre et vouloir préserver l’essence humaine, ne pas « jouer à Dieu », mais même s’il pourrait être injuste de choisir les qualités d’un enfant, n’est-il pas inhumain de ne pas guérir une trisomie certaine ? N’a-t-on pas le devoir d’éviter la souffrance d’un être humain à l’avance ? Dans ce cas-là, la réponse est simple : l’eugénisme est super, on n’a qu’à l’employer que lorsqu’il y a une maladie génétique.
Cependant, n’est-il pas question de corriger un défaut de construction pour rendre la vie meilleure ? A partir de là, il est juste et pertinent de concevoir un être qui est plus grand et plus dynamique pour avoir de meilleures notes en EPS. C’est là que le problème réside : où placer la limite, sachant que chacun a son point de vue sur ce qu’est un être humain « normal » ?
Si l’objectif est de supprimer la souffrance, la corde se resserre de manière très violente, puisque si la course à l’amélioration commence, elle pourrait ne plus savoir s’arrêter. Si on définissait une norme minimum de l’être humain pour que sa vie soit supportable, on risque de compromettre la diversité. Pendant ce temps, d’autres auront la chance d’avoir de bons gènes et d’être physiquement « au-dessus » des autres. Donc les « normaux » n’ont-ils pas le droit d’égalité et donc d’être également « au-dessus » ? Le « au-dessus » devient alors le « normal ». C’est un cercle vicieux.
EGALITE OU DIVERSITE ?
Sans oublier l’aspect économique du phénomène : des millions d’emplois reposent sur le service aux personnes qui sont génétiquement handicapées. C’est tout un pan de la médecine qui s’effondre, mettant au ban ceux qui y appartiennent.
OUPS
Même dans le cas où on priorise l’accès à la santé, qui y aura accès ? Evidemment, ce n’est pas gratuit. Ce ne sont que les gens avec un peu de thune qui pourraient se payer le luxe de ne pas être trisomique ?
AïE
D’un autre côté, où est le problème à concevoir un enfant selon ses goûts et non selon le hasard ? C’est immoral ?
L’eugénisme remet en question le fondement même de l’être humain, et le démocratiser reviendrait à revoir nos principes et nos valeurs jusque dans leurs retranchements. S’en débarrasser par peur de mauvaise utilisation serait un choix de facilité, et maintenant que l’on sait, il n’est plus possible de faire marche arrière. Rien n’arrête le progrès, mais jusqu’où ? Entre de mauvaises mains, c’est un outil absolument destructeur.
QU’EN EST-IL POLITIQUEMENT ?
Rien. La politique exclut totalement toute forme d’eugénisme dans l’aspect d’un idéal de perfection. C’est compréhensible. C’est-à-dire que c’est totalement illégal. D’accord, très bien, mais le très haut taux d’avortement face aux embryons ou foetus présentant des « affections d’une particulière gravité », n’est-ce pas déjà une forme d’eugénisme ? Le curseur peut être placé n’importe où, et l’eugénisme fait écho à d’autres problèmes sociaux comme la validité de la PMA et la cause de l’avortement.
Toujours remettre en question.
Faut-il, comme le préconisent les associations chrétiennes, interdire tout ? Laissons la nature faire. Cela fait pourtant bien longtemps que l’humain touche à tout, le moment est-il venu de se retoucher ?
Ethan (dessin de Teïla)