Etes-vous d’authentiques hommes ?

Il y a quelques gazettes de ça, je vous avais proposé un article sur l’image de la femme dans la publicité. Peut-être qu’il serait temps de mettre tout le monde sur un pied d’égalité : les hommes aussi ont une image compliquée à assumer. Bien sûr, être un homme dans notre société a plutôt l’air d’être un atout, seulement il n’y a pas de mode d’emploi « comment ne pas se laisser influencer par une publicité déshumanisante, donnant une image tellement éloignée des hommes lambda que ces derniers risqueraient de se braquer, faire comme s’ils n’avaient aucune émotion, et développer des complexes basés sur un modèle inatteignable ? ».

Alors ne voulant pas trop nous avancer sur un sujet qui ne nous concerne pas (puisque nous sommes des femmes) mais voyant bien le problème de l’extérieur, nous avons décidé, avec ma coéquipière d’interview Supercalifragili, de venir vous poser quelques questions.

Nous avons questionné des hommes entre 15 et 60 ans sur le fait d’être un homme, la virilité et l’image de l’homme dans la publicité. Voici quelques-unes de leurs réponses :

Qu’est-ce qu’être un homme ?

« C’est ne pas être une femme » ou « c’est être comme une femme » et « ne pas être différent des autres humains », « avoir des parties génitales masculines » ou « assumer son genre », « on naît homme, c’est tout » ou « on ne naît pas homme, on le devient », « fonder une famille, travailler, emmerder le président » et « assumer sa figure masculine en tant que père ».

Qu’est-ce que la virilité ?

« Une connerie, l’impression que les hommes donnent pour avoir le pouvoir sur les femmes» et « un principe con, c’est psychologique » ou « le courage », « la confiance en soi », « la vigueur », « être capable de se débrouiller dans les domaines pratiques », « une attitude compétitive », « être fort», « avoir un charme », « avoir du charisme », « être protecteur », « prendre des décisions » et « l’opposition au cliché du gars maniéré ».

C’est aussi « assumer son côté féminin » ou « l’opposé de la féminité », « être poilu » ou « c’est vraiment pas être poilu, alors ça on s’en fout ».

Est-ce que vous vous reconnaissez dans l’image de l’homme dans la publicité ?

Tous : « non», la plupart dit que « c’est cliché », mais d’autres disent : « C’est con, c’est voué à fonctionner par clichés, c’est con comme la pub », « je suis content de pas ressembler à ça », « l’homme dans la publicité est très superficiel, ça me va pas ».

Mais aussi, « c’est pas des gars qui font de vrais efforts, ils sont juste beaux », « c’est pas la réalité, c’est juste de la publicité », « j’y prête pas attention », « c’est juste des mecs lambda, leur métier c’est de faire de la publicité, c’est pas le mien donc non je me reconnais pas dans l’homme de la publicité. »

Et enfin, « moi je suis déviant et eux c’est toujours des sex-symbols, moi j’ai même pas de barbe ! C’est trop stigmatisé ! »

Quand vous étiez enfant, comment vous vous imaginiez plus tard ? Vous en gardez des complexes ?

« Je m’imaginais amoureux », « je me voyais devenir un homme, travailler et avoir une femme. Ça me correspond pas aujourd’hui, avant ça me complexait mais plus maintenant »,

« je m’imaginais grand avec de la barbe et des poils à boire de la bière et en fait non. Mais j’ai pas de complexes », « il y avait une sorte de pression sociale de la première copine et moi j’étais très complexé, maintenant j’ai pris confiance », « je me voyais comme mon père, et évidemment j’ai des complexes, on se voit toujours mieux réussir ».

Mais aussi « je voulais être métis ou une femme, maintenant je m’en fous », « j’ai toujours été rebelle. Non j’ai ni regrets ni complexes », « je me pensais immortel. », « je me voyais capable de faire pleins de choses. Maintenant j’ai plus des complexes physiques, je suis pas comme je le voudrais ».

Enfin, « je pensais devenir grand, beau et fort et c’est ce que je suis devenu ! », « je savais que je serais dans une grande maison au bord de la mer, avec un gros bateau, une grosse voiture et avec trois gosses. On y est pas encore, et ma maison elle arrive pas assez vite ! »…

Je vous laisse libres d’interpréter ces petits témoignages comme vous le voulez, maintenant il y a quand même une chose qui est sûre : c’est dur d’être un homme. Avant trop de choses étaient interdites et c’était indéniablement encore plus dur d’être un homme, mais maintenant qu’elles ne le sont plus, c’est le regard des autres qui conditionne les hommes et leurs attitudes. Vous avez tous entendu les «un homme qui se maquille, c’est une pédale», «arrête de pleurer comme une fillette, t’es un homme ou pas ?», «t’as pas pris sa défense ? Mais t’es un homme ou pas ?», et j’en passe parce que c’est tellement grotesque que c’est douloureux à écrire.

Et avec tous les écrans auxquels tout le monde est confronté dès le plus jeune âge, je suis pas sure qu’on ait un jour une génération de gens libres et bien dans leur peau. Mais on avance, on avance, du moins on ne recule pas, on commence à voir des publicités avec des hommes qui se maquillent, et des petits garçons qui jouent à la poupée, des hommes s’affichent en robe sur les réseaux et ne sont presque pas vraiment trop insultés… C’est déjà ça, non ?

Peut-être qu’un jour on verra un homme vraiment pleurer à la télévision.

Paul-Ka et Supercalifragili (dessin de Teïla)