Paroles de gosses…

En cette année 2019, nous célébrons les trente ans de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (a.k.a CIDE pour les intimes). Cette convention, tenue en 1989 à New York, énonce les droits fondamentaux des enfants. Tous les États du monde (hormis les États-Unis, toujours à la pointe en termes de libertés fondamentales) se sont engagés à respecter strictement ce traité, la notion de «strictement» étant, on ne peut que le déplorer, toute relative.

Avant toute chose, il semble primordial de rappeler les droits des enfants qui passent un peu trop souvent à la trappe et sont en fait très méconnus.

En effet, beaucoup de personnes ignorent qu’il existe des droits spécifiques aux enfants (encore considérés comme inférieurs de façon récurrente par les adultes qui semblent avoir oublié leurs années juvéniles). Cela vous offusquera peut-être mais si vous avez entre 0 et 18 ans, vous êtes un enfant ! Et en tant qu’enfant vous disposez du droit de vous exprimer librement, de vous faire entendre et d’être pris en considération. En somme tous les sujets vous sont ouverts et en prime votre opinion est considérée. Cela dit, si ces droits sont inaliénables sur le papier, ils sont encore trop souvent bafoués, et il reste encore bien du chemin pour les faire respecter.

Le manque de considération du statut de l’enfant est un premier obstacle de taille. L’âgisme omniprésent empêche encore trop les adultes, si persuadés d’avoir tout compris à la vie, de considérer l’enfant comme un individu à part entière, un sujet conscient et non pas un objet manipulable à loisir. Si les structures publiques sont insuffisantes à protéger les mineurs, outre le manque d’effectifs criant, c’est parce qu’elles se heurtent à une insensibilité généralisée. Difficile de mettre en place des moyens efficaces dans une société où le droit des enfants est constamment décrédibilisé. Le travail de sensibilisation et de formation des professionnels comme des parents est aujourd’hui primordial pour faire avancer la situation. Les droits ne peuvent être mieux respectés que si on les connaît vraiment. Mais informer les premiers concernés est tout aussi indispensable.

Les enfants ont besoin d’être conscients de leurs droits pour pouvoir les exprimer et les revendiquer dès que leur maturité le leur permet.

On insiste tellement sur l’importance des devoirs des citoyens en herbe, et si peu sur celle de leurs droits.

La CIDE détient un pouvoir d’influence non négligeable, et elle permet la mise en œuvre de solutions concrètes, mais elle ne peut pas tout, et il est de la responsabilité des éducateurs quels qu’ils soient de donner les moyens à chacun de connaître ses droits et d’en jouir.

L’enjeu n’est pas seulement de protéger les enfants jusqu’à leur majorité, mais bien de créer une réelle conscience collective, qui se poursuivra jusqu’à l’âge adulte et entraînera à terme un changement sociétal profond. Les États-Unis sont le seul pays à ne pas avoir ratifié la Convention, pas étonnant que le fast-food soit leur deuxième maison s’ils considèrent leurs bébés comme des tubes digestifs géants. L’enfance est l’âge auquel notre identité se construit, l’importance de l’éducation n’est plus à démontrer.

Les différentes structures qui accueillent les enfants (écoles, centres de loisirs, centres d’aide, prisons…) doivent travailler ensemble pour faire progresser tous ces droits qui découlent les uns des autres. Sans information, pas de liberté de pensée ; sans liberté de pensée, pas de liberté d’expression. Priver un enfant de moyens pour s’exprimer librement est une vraie violence psychologique, tout aussi destructrice que les violences physiques.

À présent, chers enfants lecteurs (mais adultes également), vos droits rappelés, une chose reste à venir et il n’en est que de votre volonté : exprimez-vous, vous êtes écoutés (vous l’eussiez pu faire déjà mais aujourd’hui plus que jamais).

Nell et Anjelassomoire

(image libre de droit sur flickr.com)