Mellow Mood, l’interview

Mellow Mood est un groupe de reggae italien créé en 2005. Il se compose de 5 musiciens (basse, batteries, chant, guitare, clavier). Leur dernier album, Large, est sorti en 2018. Dans le cadre du festival Insolents, à la fin du mois d’avril, nous avons eu la chance de rencontrer, à Lorient, Jacopo et Lorenzo Garzia, les frères jumeaux chanteurs et guitaristes du groupe, ainsi que Giulio Frausin, à la basse et au chant.

Comment avez-vous décidé de créer le groupe ?

Jacopo : Le groupe s’est fait tout seul, on n’a pas vraiment décidé. Bien sûr nous nous connaissons les uns les autres depuis longtemps, depuis le lycée, et nous sommes deux frères jumeaux, et après l’école nous n’allions pas faire des activités comme jouer au football ou au soccer, ou aller boire un verre, nous aimions juste nous retrouver et jouer de la musique, et le groupe s’est développé naturellement.

Pourquoi « Mellow Mood » ?

Guilio : Notre nom est bien sûr une référence à la chanson de Bob Marley, c’est une chanson que nous aimons beaucoup, et c’est une sorte de tendance en Italie de nommer son groupe par une chanson de Bob Marley, même si nous en aimons beaucoup d’autres comme Kaya, Africa unite…

Comment le reggae est-il vu en Italie ?

Giulio : Je pense que nous sommes la troisième génération de musiciens de reggae, car le premier groupe de reggae italien a été créé dans les années 1980. Je crois que le reggae s’est très vite rattaché au mouvement des squats. Le reggae a toujours une connotation politique, beaucoup de gens lient ce genre de musique à l’occupation de bâtiments et aux marginaux en général. Quand nous étions adolescents, nous sommes allés à un gros festival qui avait lieu près de notre ville depuis plusieurs années, qui était un événement politiquement à gauche, un peu hippie, et en Italie il y a peu de place pour le reggae et il existe peu de festivals comme celui où nous jouons aujourd’hui par exemple.
Vous voyez, en Italie, on n’entend pas de reggae à la radio, c’est un style de musique et un courant de pensée en général très underground.

Avez-vous des habitudes avant un concert ?

Lorenzo : Nous en avions une mais maintenant nous faisons sans et c’est très bien aussi comme ça ! Nous allons sur scène juste dans le respect et l’amour de la musique, et ça le fait.

Quelles sont vos inspirations ?

Jacopo : Bien sûr je dirais déjà que nous nous inspirons de la vie, de notre environnement, des gens que l’on connait et que l’on côtoie. Parfois, on écrit aussi en pensant à d’autres réalités, des choses très loin de nous où nous imaginons une autre vie, on se met à la place de quelqu’un d’autre, pour prendre un recul peut être différent sur certaines choses.

Comment se passe la création de vos chansons ?

Jacopo : La plupart du temps, ce sont Jacope et Lorenzo qui composent ensemble (ils sont voisins) puis on se retrouve à la salle de répétition et on teste tout ça tous ensemble. On arrange les morceaux ensemble, on fonctionne comme ça la plupart du temps, surtout sur le dernier album, parfois on allait au studio avec seulement des idées et on développait les chansons jusqu’à ce que ça soit prêt à être enregistré.

Avez-vous un souvenir spécial à nous partager par rapport à votre expérience musicale ?

Jacopo : Nous en avons beaucoup, des souvenirs, et c’est très difficile d’en choisir un, car imaginez que pendant les tournées nous faisons une trentaine de concerts, on bouge beaucoup donc il m’est impossible de me souvenir de tout, mais je pense que si je devais me souvenir d’une seule date cela serait celle de Rotterdam. Nous avons beaucoup joué à Rotterdam, une dizaine de fois, nous y allons presque tous les ans, et il y aura toujours une nuit qui me restera en mémoire longtemps car le concert était vraiment génial et le public aussi. Vous savez, chaque nouvelle expérience, chaque pas de plus, est quelque chose dont il faut se souvenir, car c’est notre histoire. J’ai l’impression que nos souvenirs sont finalement tous spéciaux.

Giulio : Je ne sais pas… C’est vrai que nous vivons beaucoup de choses, même si nous ne sommes pas dans les groupes qui tournent le plus, et tous les concerts ne sont pas pareils mais pour moi tout se mélange et se regroupe dans un grand souvenir de notre vie de tournées, et ceux qui ressortent sont les très bons concerts où ceux ou ça se passe moins bien que d’habitude. Par exemple, Rotterdam est toujours un bon souvenir, car il y avait un public nombreux, 20 000 personnes, et on a pris une bonne dose d’adrénaline à chaque scène, et je pense que c’est de cette sensation dont on se souvient le mieux et qui est très marquante, cette tension mêlée à un grand bonheur de faire ce qu’on aime, de la musique, et d’être ensemble.

Pour vous, qu’est ce qui est important pour faire de la musique et d’être dans un groupe ?

Jacopo : Bien sûr déjà il faut aimer ça, et apprécier les gens avec qui on joue. Je pense que faire des tournées ça n’est pas pour tout le monde, parce que les gens, en extérieur, disent souvent que ça nous fait beaucoup voyager et qu’on découvre plein de pays, ils s’imaginent qu’on visite les alentours mais en réalité on ne le fait pas beaucoup, par manque de temps et aussi car les concerts et la route demandent une certaine énergie. C’est sûrement le meilleur métier de la Terre, mais ça ne peut pas convenir à tout le monde, c’est mentalement très stressant et parfois assez dur physiquement. Donc je pense que pour faire tout ça, il faut être « relax », et savoir comment se relaxer et il faut surtout aimer faire ce qu’on fait. D’ailleurs je ne sais pas si on peut aimer ça pour toujours, je pense qu’à un moment on en est fatigué. En tournée, il faut absolument se soutenir les uns les autres, et je trouve qu’on a comme un sentiment de mission, un but, comme dans tout ce qu’on peut faire d’ailleurs, et c’est ça aussi qui est important, car quand on perd ce but on perd aussi le bonheur de le faire.

Merci à vous !

L’interview a été réalisée juste avant le concert, un concert puissant et envoûtant. Mellow Mood, un groupe à suivre !

Lil & Mathou

(image libre de droit sur flickr.com)