RPZ la commu

Il y a de ça quelques semaines, en attendant à l’arrêt de bus, j’ai entendu un jeune homme à côté de moi dire à propos d’un film que, je cite : « c’était n’importe quoi, y avait presque que des gays ». Selon lui, la surreprésentation homosexuelle (par rapport aux statistiques nationales j’imagine) faisait perdre son réalisme au film. Alors déjà, ce mec n’a clairement jamais mis les pieds dans une classe de TL, et ensuite, son commentaire m’a confortée dans l’idée que vraiment, la représentation de la communauté LGBTQI+ dans les films et dans la pop culture en général est indispensable. Cela est bien sûr vrai pour toutes les ‘‘minorités’’, notamment les personnes racisées, mais c’est un autre sujet qui mérite d’être traité à part entière. Voilà les raisons pour lesquelles cette représentation doit, selon moi, être encouragée.

C’est avant tout une question de visibilité. Au même titre que de nombreuses actions militantes au quotidien, la fiction peut (et se doit de) montrer la diversité des sexualités et des identités de genre. La lutte contre l’invisibilisation passe aussi par le contenu que l’on consomme, et affirmer que cette diversité existe est un premier pas, certes insuffisant, vers plus d’égalité.

Trop souvent les biopics ou encore les adaptations destinées au grand public gomment des personnages LGBT+ ou minimisent cet aspect de leur vie (Bohemian Rhapsody, c’est toi que je regarde), alors que célébrer cette diversité aiderait à la prendre pour ce qu’elle est : une chance et non pas un tabou.

Il y a également un vrai enjeu d’éducation dans cette représentation. Cette éducation n’est plus nécessaire pour la cause homosexuelle (quoique parfois on se demande), en revanche elle l’est pour des communautés qui sont encore trop peu ou mal médiatisées comme la transidentité, l’intersexuation ou encore la gender fluidité.

Nous avons besoin de modèles concrets pour montrer que la diversité est normale et saine. Et cette représentation peut être plus facile à mettre en place dans le cadre de la fiction, alors que quand il s’agit de vraies personnes il peut être plus délicat, voire dangereux malheureusement, de prendre la parole sur ce sujet.

Enfin, la pop culture, avec le pouvoir d’expression et de diffusion qu’elle renferme, est un moyen privilégié pour faire évoluer les mentalités. Non seulement elle permet tous les développements d’intrigues et de personnages imaginables, et il serait fort dommage de ne pas les exploiter, mais elle est aussi un miroir du réel.

Dans un contenu culturel, la limite est parfois floue entre réalité et fiction, et amener l’égalité dans l’expression artistique permet de la faire avancer dans notre vie.

Lorsqu’on consomme un contenu, on s’identifie et on se projette dans l’histoire qui nous est racontée. De plus, les supports actuels de diffusion de la culture permettent de toucher un public extrêmement large, et nous avons plus que jamais l’occasion de diffuser en masse des messages de tolérance et de respect. Alors la représentation, ce n’est pas un caprice du lobby LGBT+ pour contrôler le monde main dans la main avec les reptiliens, c’est une nécessité, parce que la fiction fait partie de notre vie réelle, et l’une influence forcément l’autre.

Donc Netflix&Chill oui, mais engagé, et ce sans oublier d’être respectueux et tolérant même et surtout dans la vraie vie.

Nell

Célébrer la diversité c’est bien, le faire correctement c’est mieux. Voilà un petit florilège de représentations LGBT+ qui n’ont pas fait de bien à la cause :

Insatiable, série Netflix hautement controversée, dans laquelle un personnage, tiraillé par une crise existentielle, se demande si la bisexualité existe. Non, pas si lui-même est bisexuel, mais bien si ça EXISTE. Il se pose toujours la question au moment où on parle.

Riverdale, série Netflix hautement pas ouf (oui je regarde quand même), dans laquelle les gays et les lesbiennes existent uniquement pour faire joli sur le tableau des quotas. #choni4ever évidemment.

La Vie d’Adele : bon alors là c’est un peu discutable (d’ailleurs le but de cet article est aussi d’ouvrir le débat) mais il me semble que ce film donne plus une vision clichée et érotisée d’homme hétérosexuel sur les amours lesbiennes qu’il ne raconte la découverte de sa sexualité.

Et pour une Sélection de représentations intéressantes et originales, ci-dessous : 

Films : Brokeback Mountain, A Single Man, Les Amours Imaginaires, L’Inconnu du lac, Yves Saint Laurent, Carol, Mademoiselle, Call me by your name, et évidemment 120 Battements par minute

Séries : Sense8, Les Engagés (Studio 4 sur YouTube), San Junipero (Black Mirror), Skam, Sex Education, Steven Universe (une série d’animation pour tous les âges), Queer Eye

Livres et BDs : Orlando, La Fille dans l’écran, Solitude d’un autre genre, Autoboyographie, Appelez-moi Nathan, Le Prince et la Couturière, Silence Radio, Aristote et Dante découvrent les secrets de l’Univers (mon pref)