Dominant(e) ? Dominé(e) ?

Bon… On ne va pas tourner autour du pot pendant des heures, vous l’aurez compris avec le titre, aujourd’hui on va parler BDSM ! Et plus particulièrement du bondage. Cette pratique commence à sortir de l’ombre depuis quelques années. Certains la qualifient de déviante ou de perverse tandis que d’autres, la pratiquant, s’en donnent à cœur joie ! Et vous ? ça vous parle ? Je vais donc (tenter de) réduire vos préjugés à l’état de légumes afin que vous puissiez vous forger votre propre avis sur le sujet. Une révolution en marche ?

De la torture à l’art sexuel (ou pas)…

Au Japon, durant la période Edo (XVIIème siècle après J.C.), une technique appelée Hojōjutsu se développa peu à peu en tant qu’art martial. Elle était notamment utilisée pour immobiliser les criminels et prisonniers. Ces tortures ont progressivement été détournées de leurs fonctions initiales pour devenir des pratiques sexuelles et érotiques. Ces techniques de ligotage appelées « shibari » ont par la suite été pratiquées par quelques libertins de l’aristocratie occidentale un peu trop curieux au XVIIIème mais n’ont réellement été introduites en Europe qu’au XXème siècle notamment après la Seconde Guerre mondiale.

Bon ! Maintenant que le petit cours d’histoire est terminé, passons à la pratique (au sens figuré bien entendu).

Le bondage, késako ?!?

Le bondage est une pratique érotique qui consiste à attacher sa/son partenaire – créant ainsi une relation de dominant/dominé – grâce à des cordes (généralement en chanvre ou en jute) bâillons, bandes adhésives, chaînes , lanières, foulards ou encore grâce à d’autres accessoires tel que les corsets (généralement très appréciés), harnais, colliers, bracelets ou encore avec différentes combinaisons (latex, camisoles, …). Comme quoi, on en a fait du progrès niveau originalité depuis l’époque Edo !

Bref ! Les adeptes de cette pratique peuvent prendre à peu près tout ce qui leur tombe sous la main tant que ce n’est pas dangereux pour l’un ou l’autre (personne ne s’amuse avec du fil barbelé par exemple… enfin j’espère !).

Le but étant donc de ligoter sa/son partenaire selon des motifs prédéfinis (ou pas) plus ou moins complexes. On peut donc commencer en n’importe quel point du corps (poitrine, cuisses, ventre, …) et finir éventuellement par une immobilisation complète.

Bien entendu, dans le bondage comme dans toutes les pratiques BDSM, il y a des règles très strictes de sécurité à respecter pour éviter tout accident : ne jamais laisser quelqu’un seul (même si certains bandent les yeux du dominé et lui font croire qu’ils l’abandonnent… oui ça peut être amusant), ne pas trop serrer les liens au risque de couper la circulation sanguine, prédéfinir les limites des uns et des autres et/ou définir un mot qui fait arrêter tout jeu (un safe word comme on dit dans le jargon) et bien entendu la plus importante de toutes les règles : le CONSENTEMENT !!!

Cette pratique concerne bien évidemment des personnes responsables et conscientes de ce qu’elles font.

Rappel est fait que le bondage étant une pratique plutôt intensive physiquement et mentalement, l’aftercare (le fait de bien prendre soin de l’autre dans tous les sens du termes) est très important après les sessions.

Quel intérêt ?

Dominants, dominés, libérés ou contraints : qu’est-ce qui fascine tant dans les cordes et autres objets d’attachement (au sens propre cette fois) et de suspension?
Il y a bien entendu l’aspect “ludique” de la chose. A travers différents jeux de rôles par exemple !

Pour ceux qui n’ont pas compris voici une image assez parlante: vous avez tous dû jouer au policier et au voleur quand vous étiez petit, non ? Quand le voleur est attrapé, on le capture et le met en prison n’est-ce pas ? Eh bien le bondage permettrait d’avoir une version plus “adulte” de ce jeu ; on capture le voleur et on en fait… ce qu’on veut ! Bien sûr, c’est plus cocasse avec les costumes adéquats.

Ces pratiques peuvent également procurer de nouveaux plaisirs et stimuler la libido pour ceux qui sont en quête de nouveaux horizons. Dans l’intimité, le plaisir du “dominant” est de voir la confiance que place en lui sont sa/son bondé/bondagette, et inversement le « dominé » prend du plaisir à s’abandonner entièrement corps et âme entre les miens de sa/son bondageur.euse.

C’est la pression qu’exercent les cordes (ou autre accessoires) sur les points sensibles (nerfs, parties intimes, …) du partenaire, ajoutée aux jeux, qui rend cette pratique si plaisante. Bien entendu tout est une question de point de vue ; pas de jugement envers les uns ou les autres !

Notez que le bondage est une activité qui n’est pas forcément à vocation sexuelle. On peut même trouver des spectacles de bondage où les “acteurs” ne sont pas FORCÉMENT à poil.
Une autre raison de pratiquer le bondage peut être pour son côté très esthétique ; l’encordage produit des formes symétriques ou non, mettant en avant certaines parties du corps. C’est une façon intéressante de redécouvrir le corps de l’autre.

Vous jamais ? Hé bien si !

Après tout, quand on y pense, notre société tout entière est faite de liens (bien qu’ils soient plus métaphoriques qu’autre chose).Voici une citation de Magali Croset-Calisto, dans Bondage, théorie érotique des cordes et de l’attachement qui devrait vous faire réfléchir sur le sujet : « […] à la naissance, nous passons le plus clair de notre temps à pratiquer le bondage, à créer et à resserrer des liens et des attaches avec autrui, liens qui nous mettront en position dominante ou dominée par rapport à lui. Tout individu pratique le bondage […] au quotidien avec son entourage. »

Enfin, sachez que les études sociologiques sur le sujet sont rarissimes, ce qui montre bien que le sujet reste tabou.

On peut pourtant retenir deux choses. La première, c’est que les hommes ou femmes actifs sexuellement sont à peu près 1 % à s’adonner pleinement à ces pratiques. Et la seconde, c’est que ce sont des personnes tout à fait saines d’esprit et qui n’ont pas plus que le reste de la population des tendances à la violence ou à la folie…

Petit plus : Et le plus intéressant dans tout ça c’est qu’il y a – de manière générale – autant d’homme que de femme (ou autre) qui préfère être dominé.e.s où être soumis.es. Comme quoi l’égalité homme-femme-autre a déjà fait ses preuves dans le bondage !

Il ne vous reste plus qu’à réfléchir pour savoir si vous êtes pour ou contre le ligotage. Si oui : en tant que bondageur.euse et/ou en tant que bondé.agette ?

Et pour les quelques uns qui pensent vouloir tenter l’expérience un jour, sachez qu’il existe de nombreux clubs dans toute la France et ailleurs qui seront à même de vous initier avec plus de justesse et de sécurité qu’une simple vidéo YouTube ou un tutoriel trouvé sur la toile.

Titif (dessin de Supercaligragili)