Hééé mad’moiselle !

Parlons d’un sujet qui dérange, qui répugne, qu’on passe sous silence. LE HARCÈLEMENT DE RUE. Et mettons les choses au point tout de suite : le harcèlement de rue (ou HR, ça va plus vite) concerne autant les femmes que les hommes et n’importe quel genre.

Sais-tu ce que c’est de se sentir regarder, comme si on était un bout de viande ?

Sais-tu ce que c’est de se prendre un main aux fesses dans un transport en commun ?

Sais-tu ce que c’est d’hésiter de mettre une robe par peur du regard ?

Sais-tu ce que c’est psychoter face à chaque personne qui ne fait que de vous regarder ? De se demander ce que va faire cette personne ? Quelque chose de mal ?

Si c’est le cas : félicitations, tu as vécu ce qu’on appelle couramment harcèlement de rue.

Selon Google, le HR rassemble des comportements adressés aux personnes dans les espaces publics et semi-publics, visant à les interpeler verbalement ou non, leur envoyant des messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, menaçants, insultants en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation sexuelle.

Aujourd’hui, on voulait pousser un coup de gueule. Depuis quand c’est normal de harceler les gens dans la rue pour des vêtements, des comportements, des couleurs de peau  ?

Est-ce qu’il y a écrit « sers-toi » sur ma jupe ? Je ne crois pas.

Est-ce qu’il y a écrit « pute » sur ton décolleté ? Je ne crois pas.

Est-ce qu’il y a écrit « pose tes yeux » sur son jean  ? Je ne crois pas.

Est-ce qu’il y a écrit « insulte-moi » sur nos fronts ? Je ne crois pas.

Et pour les personnes qui pensent que c’est flatteur et agréable, dans quelle langue faut-il vous expliquer, qu’à ce moment là, on a le trouillomètre à zéro, à l’idée de se faire violer ?

Certes, il peut arriver qu’il y ait méprise. Mais justement, ce quiproquo, cette parano est due à quoi à votre avis ? Eh oui les amis ! C’est dû à toutes les fois, où les actes et les paroles étaient véritables.

Pourquoi pas quelques chiffres pour mieux comprendre ?

Le HR  (sondage réalisé au lycée en septembre 2019 auprès de 76 personnes) : à la question « As-tu déjà vécu le HR ? », 69% des filles l’ont déjà subi et 48% des garçons…

La première chose qui frappe, c’est que les garçons le subissent aussi mais il est différent car si 7 filles sur 10 ont déjà vécu cette expérience qui se révèle traumatisante, il s’agit pour elle, surtout de harcèlement sexuel.

C’est ce genre de harcèlement qui est le plus courant dans le HR. Et contrairement à d’autres harcèlements comme le racisme, le harcèlement de rue à caractère sexiste est celui qu’on trouve partout en France, à la ville comme à la campagne, sur tout le territoire français.

Aujourd’hui, il est presque impossible de porter plainte contre le harcèlement de rue tant il est difficile à identifier.

Mais, sachez-le, la victime peut porter plainte contre injure sexiste, « expression outrageante, terme de mépris ou invective » en raison du sexe, orientation sexuelle ou identité de genre de la personne visée, passible d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ! Autre solution : porter plainte pour harcèlement sexuel, passible d’une peine de jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende, s’il y a un contact physique sur la victime.

Ce dernier délit se définit par une « atteinte sexuelle sans pénétration », et commise avec violence, contrainte ou menace. C’est par exemple le cas d’une main aux fesses dans les transports. La peine encourue s’élève à 75000 euros d’amende. A savoir que la procédure est longue et sans preuve, malheureusement les affaires sont souvent classées sans suite.

Alors, si tu es adepte de la pratique, avant d’en arriver là, s’il-te-plaît, ne t’abaisse pas à ce genre de comportements… Et si tu assistes au HR, ne laisse pas la victime se débrouiller seul.e., c’est de la complicité. Essaie de faire de ton mieux pour l’aider !

Merci aux témoins qui ont accepté de parler. Il n’y a rien de pire que de rester seul.e avec son malaise. N’hésitez pas à en parler et à dire NON !

Cécile (texte et dessin)

Quelques témoignages :

« C’est le soir (22h), j’étais avec ma meilleure amie vers le Leclerc. On était sur le chemin pour rentrer chez elle, et trois mecs nous ont abordées et proposées de prendre un verre chez eux : on a refusé.

Après, ils ont commencé à nous suivre et ma meilleure amie a fait une crise de panique, qui m’a fait paniquer. En nous suivant, l’un des trois arrêtait pas de dire qu’il allait nous « baiser ».Ils nous ont suivies pendant une heure. » (A.)

« L’année dernière, je rentrais vers 23h chez moi après une petite soirée, et j’ai remarqué un gars d’une vingtaine d’années un peu bizarre qui me regardait. Alors j’ai décidé de ne pas rentrer à pieds, mais d’appeler ma sœur. J’ai attendu 15/20 min. Le gars me lâchait pas des yeux, et il se rapprochait. Au final, j’ai vu quelqu’un que je connaissais, alors je suis allée attendre ma sœur avec elle. J’ai eu la trouille de ma vie. » (C.)

« Les « hé mademoiselle », la suite des disquettes qui vont avec. Les regards des mecs de 50 piges, qui matent en se léchant les lèvres. Les voitures (sans oublier les musique de kéké) qui ralentissent à ton niveau. Les mecs qui t’ont suivi de nuit. Et j’ai remarqué que depuis que j’ai les cheveux courts, il m’arrive beaucoup moins de problèmes comme ça. » (F.)

« Je sortais de la gare (seule). Une groupe de gars m’a sifflé avant de balancer « belle marchandise ». Une peu plus loin, un vieil homme (sûrement alcoolisé) m’a insulté de tous les noms car je lui avais souri (par politesse). » (T.)