30 ans après la chute

Cet événement concorde pour beaucoup avec la fin de la guerre Froide et par extension avec la réunification allemande qui eut lieu le 03 octobre 1990. Pour rappel, l’Allemagne et sa capitale, Berlin est divisée en deux zones, Ouest et Est, après la Seconde guerre mondiale ( cf. la conférence de Yalta, 1943 puis 1945). Côté Ouest, les Américains, les Anglais et les Français (merci Churchill) se voient attribués des secteurs. Côté Est, l‘Union soviétique. En 1948, l’Union Soviétique décide de mettre un terme aux relations qu’elle entretenait avec l’Ouest. Les états DDR (RFA->Ouest) et BRD (RDA→Est) sont créés. La division n‘était pas que géographique et politique mais aussi sociale et économique.

Le Mur est construit en 1961 pour remédier au problème d’exode de l’Est à l’Ouest. Au fil du temps il devient infranchissable. Le Mur sépare DDR de BRD, „der eisener Vorhang“ (le rideau de fer). A ce sujet je conseille d‘ailleurs le film Le vent de la liberté ou Ballon pour le trouver en allemand !

Mais en 1989, le Mur tombe (allez vous renseignez sur Egon Krenz et les décisions prisent par Gorbatchev début 89)… Cette chute ainsi que la réunification ont laissé promettre une harmonie financière, politique, économique et culturelle. Mais en réalité qu’en est t’il ? Le Mur est- il tombé dans tous les sens du termes? Qu’en pensent les allemands ?

Dans Berlin

D’un point de vue économique, l’ancien territoire soviétique a toujours un certain retard en comparaison avec les autres états allemands. Pour avoir un avis plus germanique sur la question, j’ai interrogé des Allemands. Qui de mieux placé pour nous en parler ? Pour cela je suis allée à Berlin dans plusieurs endroits complètement différents de la capitale à des horaires stratégiques, histoire de ne pas croiser de touristes.

Premièrement à Schöneberg, un quartier aisé et surtout à l’Ouest de Berlin. Ma première question était « Depuis combien de temps vivez-vous ici? » sur la trentaine de personnes interrogées seulement deux sont originaires de l’Est mais mariées avec quelqu’un de l’Ouest. Tous les autres ont passé toute leur vie à du côté ouest. Sur la question d’un déménagement «  en périphérie de Berlin et donc à l’Est  », la réponse est unanime, le non l’emporte clairement.

Etonnament, plusieurs ont le besoin de se justifier en expliquant qu’ils sont attachés à cette partie de la ville en particulier ou bien que l’architecture de l’autre côté de la ville ne leur convient pas.

A la question inverse, « Et déménager à Francfort ou Munich ? », c’est l’hésitation. En toute honnêteté, environ 80 % affirment que oui, même s’ils avaient à vivre en périphérie d’une ville comme Munich même si les loyers atteignent des prix délirants.

Enfin, «Croyez-vous à la réunification allemande? » et là, tous se sont montrés indécis. Sept personnes sur les trente interrogées ont dit que non à cause du système fédéral qui favorise la fierté régionale. D’autres m’ont répondu que oui parce que tout le monde parlait allemand et était soumis aux mêmes lois. Puis les indécis (quatorze des trentes personnes interrogées) qui penchent entre oui et non.

Je suis allé ensuite à Freidrichshain, un quartier plutôt étudiant avec une architecture typique de l’Est. Les trentes personnes interrogées présentent des profils différents : à savoir majoritairement de jeunes adultes (-35 ans). Les questions sont les mêmes, j’ai juste inversé Ouest par Est. Les plus âgés (40 ans et +) m’ont dit qu’ils habitent à Berlin dans ce coin de la ville depuis longtemps. Tous les autres vivent ici pour leurs études. Pour la deuxième question, « Seriez-vous prêt à déménager dans un Bundesland issu de la BRD donc à l’Ouest ? », certains étudiants originaires de Bundesland différents souhaitent y retourner. Chez les jeunes avec un emploi récent et les habitants de souche, la volonté de rester est tout aussi ancrée qu’à Schöneberg. La troisième question est inutile dans la plupart des cas mais les rares personnages âgées ont affirmé que le déménagement n’est pas envisageable parce qu’ils aiment trop leur quartier. Enfin la dernière question est exactement la même ! Et là, les avis sont totalement différents. Les plus âgées m’ont dit que non et heureusement tandis que les plus jeunes s’accordent pour dire que l’Allemagne est un pays fort et surtout uni grâce à sa diversité culturelle.

Je conclus de ces témoignages que les habitants de Berlin sont plutôt en désaccord et que la génération qui n’a pas connu la chute du Mur a une façon de penser différente. De plus, les gens de l’Ouest ont tendance à déménager plus facilement que les gens de l’Est.

Un Mur toujours présent

Dans mon parcours personnel, après avoir fréquenté un certain nombre d’adolescents allemands en Bavière pendant près d’un an, j’ai remarqué le terme Ossi (Ossi→ Ost → Est) qui est récurrent lorsque l’on parle de l’Est. En plus de cela le mot Asi (abréviation de asocial) revient très souvent. Ces deux termes sont extrêmement péjoratifs. Les amis auxquels j’ai demandé leur avis ont au début rigolé. Ma question ne leur paraît pas sérieuse mais ils finissent par m’expliquer que de leur point de vue, vivre à l’est, « c’est nul et c’est un signe de pauvreté ». J’ai à nouveau fait face à ce thème à l’école où les mêmes propos sont revenus. Pourtant l’approche des professeurs ne pousse en aucun cas à tenir ce genre d’affirmations. Mes camarades ont donc donné tord aux trente années de travail pour la réunification.

J’aurais tendance à penser comme les jeunes étudiants berlinois et dire que l’Allemagne est unie grâce à la variété des cultures régionales. Même si le taux de chômage est plus important d’un côté que de l’autre, que l’un attire plus de familles que l’autre etc. Le travail accompli par les politiques est déjà énorme. Et puis on oublie trop souvent que l’Allemagne est un pays très jeune à contrario de la France ou du Royaume-Uni.

Apolline (texte et photographies)