La « S », la reine des filières ?

De tous temps, et en tous lieux il y a toujours eu des différences de cote entre les séries. Or la principale raison, celle que nos parents nous rabâchent quand l’heure du choix se profile, ce sont ces fameux « débouchés ». Et, il s’avère qu’une idée s’est particulièrement incrustée dans les pensées des gens (terme générique pour désigner vous et moi) : une série scientifique ouvre plus de portes qu’une série littéraire (désolé les ES, on vous aime quand même). Donc nous avons décidé d’aller sur le terrain pour savoir si encore aujourd’hui et avec la nouvellement apparue, réforme du lycée, les gens pensaient toujours ça !

Même si, selon certains, ce n’est qu’un cliché et que les séries se valent dans les études post-bac, les chiffres fournis par l’Education nationale prouvent que rien qu’au baccalauréat, les scientifiques avaient un meilleur taux de réussite ces dix dernières années (91,8 % d’admis avec un bac S, pour 90,7 avec le Bac L, en 2018 selon Le Monde, qui ajoute : « Comme chaque année, la série scientifique (S) affiche le plus gros score »). Il sera pourtant bon de noter que l’année dernière, oui oui cette glorieuse année du cochon de terre, marqua une étape importante dans l’ascension des Littéraires au même stade que les Scientifiques. En effet, le taux de réussite des « L » augmenta nettement et atteint 91,6 % tandis que celui des « S » chuta à 91,4.
En plus de ce taux de réussite important, les élèves en série scientifique étaient bien plus nombreux que ceux des autres séries durant ces dix dernières années (en 2018, 52 % des bacheliers généraux sont des scientifiques pour seulement 15 % de littéraires. En 2017, les chiffres sont quasiment identiques).
C’est le même constat en supérieur et dans les prépas, où les « S » pullulent, symbole de réussite.

Un bon taux de réussite, un monde en modernisation constante, cette fameuse idée selon laquelle on peut tout faire avec les matières scientifiques… Tout semble privilégier les matières scientifiques. Or les résultats du tout dernier Baccalauréat, nous prouvent que la filière littéraire reprend du poil de la bête et, qu’à l’inverse, la filière scientifique subit une décadence inéluctable (peut-être pas quand même…). Y’aurait-il eu un quelconque changement dans les mentalités de nos lycéens ?
Est-ce que, encore aujourd’hu,i on considère que les études de sciences sont plus bénéfiques ?
C’est pour répondre à ces questions que nous nous sommes rendus sur place, pour interroger ces jeunes acteurs sociaux.

“Aujourd’hui, avec un bac S, on peut tout faire, rappelle Olivier Rollot. C’est moins le cas avec les autres bacs. Une fois qu’on est dedans, on est avec les meilleurs étudiants”.

Très vite, le constat final se dessine. Les réponses sont presque unanimes, les lycéens ont tendance à penser qu’en effet un Bac S – ou maintenant de matières scientifiques – va permettre de s’ouvrir plus de portes. Certains sont plus bavards que d’autres sur la question, et je dois parfois me contenter d’un « oui, les sciences ouvrent plus de portes ». Heureusement que certains ont de quoi enrichir leurs propos : « oui, oui même si ça peut sembler très « idée reçue »de penser ça, je pense que les sciences ouvrent plus de portes actuellement à cause des avancées technologiques, de la modernisation du monde, etc. on a énormément besoin au quotidien de la programmation, des maths en général. Donc oui je pense que ce n’est pas qu’un préjugé ». Bien sûr, cette étude est loin d’être exhaustive, mais la grande majorité des élèves interrogés ayant répondu positivement à la dite question (à savoir « les matières scientifiques ouvrent-elles plus de portes que les matières littéraires ? ») cela dénote tout de même un certain ancrage de cette croyance dans les esprits.
Nous n’avons de toute évidence pas encore assez de recul par rapport à la réforme mais il ne serait pas incongru de se demander si elle va tendre à rééquilibrer le taux de réussite entre matières et à démystifier le mythe du bac S avec lequel on peut tout faire.
Alors peut être les matières littéraires retrouveront leur attrait d’antan et la légende prendra fin. A l’issue de la classe de terminale, il faut se diriger vers la suite : les études supérieures.

En effet, la filière S seule n’est pas professionnalisante, ni la L, ni la ES. Pas non plus les futures classes de terminales d’un nouveau bac 2021. Ce sont des bacs généraux avec des enseignements théoriques ne préparant donc pas à un métier.

Roméo (illus. d’Andréane en Une et de Cécile)