L’Odyssée de la Réforme du Bac

Petit récap’ rapide et efficace

Suppression des filières. Chaque élève choisit 3 spécialités de 4h par semaine et tout le monde suit le même tronc commun composé du français (remplacé par la philo en term), des langues vivantes, de l’histoire-géographie, du sport et de l’enseignement scientifique (un nouveau truc histoire de faire des sciences 2h par semaine). Épreuves tout au long des années de première et de terminale, les fameuses E3C : 2 sessions d’histoire-géo, de LV1 et LV2 en première et une en terminale. Le bac de français reste fin première (commentaire ou dissertation au choix, épreuve de 4H) accompagné de l’épreuve sur la spécialité non poursuivie en terminale. En terminale il y a les épreuves écrites des deux autres spécialités et le grand oral (dont on ne sait pas grand chose).

Quelques couacs

Ne nous voilons pas la face ; la réforme est putain de mal organisée. Personne ne sait rien, les élèves posent des questions aux profs, qui les posent à l’administration, qui les pose au rectorat QUI NE SAIT PAS puisque la réforme a été balancée n’importe comment sans réfléchir. Les E3C, plus communément appelées épreuves communes du contrôle continu (vous savez l’épreuve d’histoire et des langues vivantes ?), ça a été le foutoir. La banque de sujets pour les profs a ouvert en retard et ne contient pas le nombre de sujets annoncés, et en plus les sujets sont pourris (en tout cas ceux d’histoire). On se retrouve donc avec des épreuves bizarres, des profs qui font grève et un bac à passer ! Pour les épreuves de langues, les surveillants ne donnaient pas les mêmes consignes sur le temps d’écoute (on vous love, c’est pas de votre faute) ; encore des infos qui ne sont pas sorties de l’Elysée.
Poursuivons si vous le voulez bien. Quand on a vu sortir la réforme, on a halluciné de ne pas voir de maths dans le tronc commun. Avant, les ES avaient 3h, les S 4h et les L avaient 3h s’ils choisissaient l’option. Maintenant, si tu ne choisis pas la spé maths tu arrêtes les maths dès la première ! Loin de moi l’idée que, si on ne fait pas de maths on ne réussit pas dans la vie, mais certains profs s’inquiètent. Ils craignent que ceux qui ne prennent pas maths soient pénalisés dans le supérieur (on verra bien). En seconde, c’est compliqué de savoir ce qu’on va faire plus tard ; choisir c’est renoncer, arrêter les maths en première n’est pas un choix à prendre à la légère.
Aussi, y’a un truc dont on ne parle pas assez : les options. La réforme a enlevé les coefficients des bulletins ; chaque matière et chaque option compte pour la même chose. Finie l’époque où les options sauvaient les moyennes en les augmentant d’un point chaque trimestre. Maintenant, les options peuvent BAISSER une moyenne. Surprise, t’as pris italien pour remonter ta moyenne, c’est raté ! En plus, il n’y a plus d’épreuves d’option fin terminale, elles ne comptent que sur le bulletin.

Finalement, une réforme qui est faite POUR les élèves (soi-disant) n’est pas construite sur leurs avis. Beaucoup de premières de Jean Macé à la fin du premier trimestre étaient au bout du rouleau : des contrôles partout et un manque d’informations certain ne font pas bon ménage. Au lycée, on n’est pas censé craquer sous la pression ; ça c’est la prépa. On est encore des gosses paumés qui ne savent pas grand chose de la vie. A l’avenir, on serait heureux d’avoir des réformes construites, préparées et pensées, histoire de pouvoir passer le bac en toute sérénité.
De toutes façons, quand on sera en quatorzaine, on n’aura plus besoin de passer le bac !

Maïwenn

(manif. lycéenne à Paris, 12/2019 : image libre de droit sur pixabay.fr)

ps : et pour compléter, un peu de témoignages du terrain ci-dessous…

__________________________________

Qu’en disent les cobayes  ?

Après tout ce sont les premières qui sont le plus apte à témoigner et à donner leur avis, ils sont en plein dedans ! A eux la parole.

“Les spécialités sont une bonne idée puisque ça nous permet de nous diriger plus rapidement vers ce qui nous plaît, malheureusement pour ceux qui se posent encore des questions ils ont dû prendre des spés au hasard, ce qui peut être pénalisant. Les E3C par contre n’avaient pas à être mises en place cette année, c’était bâclé et prévu trop tard donc il aurait mieux fallu aboutir à cette idée et la mettre en place seulement à partir de l’année prochaine. Ce qui est le plus décevant, c’est que les professeurs et les manifestants n’ont pas du tout été écoutés ou pris au sérieux, on a subi de la rétention de notes pendant plus d’un mois pour essayer de faire réagir le gouvernement mais ça n’a pas marché et je trouve ça pitoyable que les premières personnes concernées par cette réforme ne soient pas entendues et écoutées.”

Ilona, 1ère à Jean Macé

“Grâce à la réforme, j’ai pu choisir un parcours atypique avec 3 spécialités différentes (maths, SVT et humanités, littérature, philosophie) et comme nous avons des groupes différents pour chaque spécialité, cela m’a permis d’agrandir mon cercle de connaissances. Cependant, j’ai appris cette année que nous allions avoir un examen sur la spécialité qu’on arrête (coefficient 5) ; j’aurais bien aimé être au courant sinon je n’aurais pas choisi les maths. Je ne me sens pas correctement accompagnée par les professeurs qui découvrent les subtilités de la réforme en même temps que nous. Je suis en stress constant car le contrôle continu compte pour le bac ; aucun dispositif n’a été mis en place pour réduire notre travail scolaire la semaine des E3C : cela aurait été appréciable d’avoir au moins une heure de libre avant chaque épreuve. Finalement, mon année de première m’apporte beaucoup de stress, j’ai moins de temps pour moi à force de travailler pour des résultats qui ne volent pas très haut…”

Mélodie, 1ère générale à Saint Louis

“Personnellement je trouve ça cool parce qu’il y avait besoin de changement dans l’enseignement du lycée. En plus je trouve que ça nous prépare à la prépa. De mon côté, j’ai pris géopolitiques (j’adore), SES (c’est difficile et le programme est énorme) et anglais (c’est sympa). Et sinon les E3C, je pense que c’est un bon entraînement pour le bac. En vrai je trouve que la réforme est vraiment bien.”

Gwenaël, 1ère à Jean Macé

“Alors, pour moi la réforme n’est pas une mauvaise idée, sur le papier. C’est juste qu’on est trop peu informés. Je pense que cela aurait pu être révisé un peu plus longtemps pour qu’on soit prêts à cette réforme, qu’on sache à quoi s’attendre.”

Aelig, 1G3

“La réforme, je pense sincèrement que c’est une connerie ; mais elle n’a pas que des défauts. Elle nous permet de faire des choix variés qui nous correspondent et d’éviter d’être enfermés dans une classe avec des gens qu’on n’apprécie pas forcément. Du coup elle permet de rencontrer d’autres gens dans nos spécialités. En revanche, je trouve que c’est une réforme qui nous pousse à réfléchir sur notre avenir trop tôt. En 2nde, c’est difficile de savoir ce que l’on veut faire et c’est une source de stress d’avoir à choisir nos spés. Ensuite, elle rend le bac très inégalitaire. On sait tous que Géopolitique au lycée Jean Macé ne vaut pas Géopolitique à Dupuy de Lome. Idem pour les E3C : on n’a pas les mêmes sujets et certains lycées trichent. Enfin, on a beau dire que la réforme ouvre des portes je pense que ce c’est pas vrai. On fait des choix de spécialités trop précis pour que ça nous ouvre des portes.”

Céleste, 1G3

“On nous demande de choisir plus tôt ce qu’on veut faire plus tard mais on est plus libre dans nos choix. Mais cela peut être compliqué voire incohérent avec tes études supérieures quand tu choisis un peu au hasard.”

Gaël, 2nde à ST Louis