La recherche scientifique en France va mal. Ou du moins c’est ce qu’on entend dans les médias quand on parle de recherche. Mais est-ce vrai ? Nous allons voir !
D’extérieur, elle semble bien se porter! La France est classée 10ème pays au monde en matière de budget consacré à la recherche scientifique publique à hauteur de 2,23% de son PIB, soit près de 50 milliards d’euros. Cependant, on observe un recul marqué (-7.8%) des découvertes agréés en France entre 2017 et 2018. Partout ailleurs, la recherche se porte plutôt bien, voir explose comme en Chine (+15% de découvertes agréés).
Pour comprendre les raisons de ce déclin, il faut d’abord avoir une idée de comment cette recherche s‘organise. Dans le secteur public (les recherches subventionnées par l’état), elle se déroule dans les universités avec les fameux ‘enseignants chercheurs’, tandis que dans le privé, les chercheurs bossent dans les services Recherche et Développement.
La recherche, comme vous pouvez vous en douter, est un milieu très codifié et strict. Pour aboutir à une découverte qui pourra être reconnue par le milieu, un scientifique doit suivre 4 étapes. Tout d’abord, il doit choisir l’orientation de sa recherche. Dans le public, il existe un “Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche” qui ‘propose’ les grandes orientations des recherches universitaires. Vient ensuite l’étape de la programmation, dans laquelle on définit les priorités de recherche dans la thématique choisie. C’est aussi le moment de chercher un financement… Ceci étant fait, la recherche à proprement parler peut alors débuter. Là encore, la démarche du scientifique doit être rigoureuse et honnête pour pouvoir être reconnue par ses pairs. Cette démarche et ces résultats pourront enfin être évalués par le “Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur” qui s’assure de la validité des résultats avant qu’ils ne soient transmis au monde par les revues scientifiques.
Vous pouvez alors vous demander pourquoi on dit que cette recherche va mal. C’est vrai, tout a l’air organisé au millimètre et orchestré afin d’obtenir des résultats probants ! On possède de nombreux centre nationaux de recherche dans des secteurs différents et beaucoup de budget est réservé aux financement ! Par exemple, rien qu’en Bretagne, on recense 55 centres de recherche (dont un max d’ IFREMER). Cependant, cette surabondance de structures de recherche n’a que longtemps caché le problème aux yeux du monde. On se disait au vue du nombre de centres que la recherche devait être florissante : sinon comment pourraient ils être tous en activité ? Comment pourraient ils être financés? Et c’est bien là tout le problème: le financement ! Il est aujourd’hui extrêmement difficile de trouver un financement pour mener une recherche dans un secteur que l’on a choisi, ce qui fait que la recherche tourne au ralenti.
Faute de subventions, les chercheurs n’avancent pas !
Si davantage de financements étaient avancés pour une recherche, le scientifique en charge de cette recherche aurait alors la pression pour fournir des résultats concluants, autant pour donner raison à l’organisme qui l’a financé que pour publier un article scientifique français et prouver que notre pays est toujours sur les rails en matière d’innovation. Cette urgence à la publication pousse certains scientifiques à pratiquer une démarche d’investigation malhonnête, modifiant ou omettant
certains résultats d’expériences pour que leur thèse soit valable. Ainsi, on peut citer l’exemple d’un directeur de recherche du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) ,O. Voinnet sanctionné en 2018 à 2 ans d’inactivité, pour ‘malhonnêteté scientifique’. Ce biologiste avait manipulé ses résultats d’expériences pour arriver à une conclusion satisfaisante (ses conclusions ne sont toutefois pas contestées). Ce genre de scandale, bien que passé relativement inaperçu en France, est venu renforcer la mauvaise image qu’ont les étrangers de la recherche française.
L’une des solutions que trouvent nos scientifiques français pour lutter contre cette précarité de subvention et cette restriction dans leurs domaines de recherches est l’étranger (particulièrement les US). Partir bosser à l’étranger signifie pour un scientifique liberté d’action et financement accessibles.
Cependant; notre déclin est la matière n’est pas une fatalité ! Bien que discrète, la recherche française s’affirme encore dans des domaines pointus tels que les sciences de l’espace, certains secteurs de la biologie (immunologie, microbiologie), les maths et la physique. De plus, la recherche est, comme tout secteur d’activité, de plus en plus mondialisée. Les scientifiques collaborent tous entre eux quelque soit leur nationalité, si bien qu’il serait réducteur de qualifier une découverte comme réussite du pays d’origine de celui qui l’a publiée. En bref, la recherche a certes connu de plus beaux jours mais reste compétitive et pourrait l’être encore plus si elle réformait son système de subventions ! Vive la science et vive la France !
Margaux et Tiphaine
(image en Une libre de droit sur pixabay.com)