“ En France, le cannabis est la substance psychoactive la plus consommée après l’alcool, le tabac, la caféine et les médicaments psychotropes” (merci wiki le frérot). La France est aussi le premier pays consommateur de cannabis en Europe. En 2014, environ 50% des jeunes de moins de 17 ans avaient testé le cannabis, avec 1/4 de ces jeunes ayant consommé au cours du dernier mois, et 700 000 consommateurs quotidiens au total.
Une enquête publiée le mois dernier par l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) démontre que si les expérimentations « apparaissent plus tardivement » chez les jeunes, un peu plus de 15 ans, ils sont toujours autant à avoir consommé du cannabis avant leur majorité. Quand certains pays ont décidé de légaliser l’usage récréatif de cette substance, qu’en est-il en France ?
Tout d’abord, le cannabis au final, c’est quoi ? Je me doute qu’à peu près tout le monde connaît el famoso “beuh”, mais d’un point de vue scientifique cela reste assez flou. En effet, il y a deux grandes sous-espèces de la plante : sativa et indica, chacune ayant des effets psychotropes différents. Le cannabis contient plusieurs substances actives, les deux principales (et plus connues) sont le Tétra-hydro-cannabinol (THC), c’est ce qui nous rend high, dépendant, et est donc dit psychoactif ; et le Cannabidiol (CBD), quant à lui, ne rend pas « stone » et ne présente pas d’effets négatifs sur la santé. Les plantes pauvres en THC donnent le “chanvre agricole” exploité pour ses usages industriels divers, tandis que le “chanvre indien”, qui pousse en climat équatorial, est au contraire très riche en résine et exploité surtout pour ses propriétés médicales et les usages récréatifs.
Le CBD aurait des vertus thérapeutiques majeures. Il possèderait des propriétés antalgiques, permettrait de lutter contre l’anxiété et la dépression, calmerait les symptômes de l’épilepsie et de la sclérose en plaques, agirait contre certains troubles psychotiques (comme la schizophrénie), etc… Certaines études laissent même entendre qu’à des concentrations élevées, le CBD jouerait le rôle de ralentir la multiplication des cellules “infectées” issues de certains cancers. En bref, c’est safe quoi.
Concernant leurs statuts juridiques, le THC est bien entendu illégal (son taux est autorisé jusqu’à 0,2% pour certains produits), c’est ce qui fait que le cannabis en lui-même est interdit en France. Pour le CBD, parce qu’il n’est pas vu comme une substance addictive ou toxique, la commercialisation est légale depuis novembre 2017. En fait, la loi est super claire sur la drogue, et aussi hyper répressive. Quelqu’un qui consomme du cannabis sera autant condamné qu’un consommateur d’héroïne même s’il fume chez lui sans troubler l’ordre public, et tout détenteur de plusieurs grammes de cannabis est vu comme un trafiquant, même si c’est sa consommation personnelle.
Pourtant, cette loi n’empêche pas la consommation bien au contraire car, rappelons-le, nous sommes le pays le plus concerné par les fumeurs de joints. Bon du coup, d’un point de vue économique, faudrait-il légaliser le cannabis ?
C’est une question où chacun à ses points de vues mais on sait déjà que le marché de la drogue, depuis qu’il est inclus au PIB du pays, équivaut à 2,7 milliards d’euros, dont 1 milliard pour le cannabis à lui seul. Certains pays comme le Canada ont jugés plus rentable de légaliser plutôt que d’interdire le cannabis. Car en effet, selon certains spécialistes (les fameux “selon une étude”), la légalisation serait plus rentable économiquement, et plus efficace pour lutter contre le trafic et diminuer la consommation.
La vente d’un cannabis légal et de bonne qualité, à un prix comparable à celui des dealers augmenterait légèrement le nombre de fumeurs, mais permettrait de démanteler le marché criminel. Et une fois cela fait, l’Etat pourrait augmenter progressivement les taxes, et donc le prix du cannabis. Cette hausse, associée à une meilleure campagne de prévention ainsi que des accompagnements financés notamment par ces taxes, pourrait permettre la diminution de la consommation du cannabis sur le long terme.
De plus, la répression coûte cher aux services de police (autour de 400 millions d’euros par an), engorge les tribunaux, et alimente les trafics de drogues, ou organisations criminelles, alors que tout pourrait être géré par l’Etat. Une autre solution serait la dépénalisation, ce qui réduirait largement les coûts de la répression et permettrait d’orchestrer une meilleure prévention.
D’autant que le cannabis ne se consomme pas qu’en fumette, cela existe aussi en nourriture, huiles, tisanes, médicaments… cela vaut autant pour le THC que le CBD. Il y a donc possibilité de réduire le nombre de fumeurs.
Cependant, le cannabis, malgré l’impossibilité d’en mourir par overdose, reste dangereux. Au volant, l’usage de cannabis augmente sans conteste le risque d’accident, car il trouble entre autre le temps de réaction, la perception de la réalité et la vue. Les usagers sont aussi bien plus exposés au risque de développer un cancer, surtout quand le bédo est fourni aussi en tabac, dont les risques sont déjà bien connus !
Maladies respiratoires, perte de QI, risques cardiaques (hausse du risque d’AVC par exemple), addiction, développement accéléré de psychoses (schizophrénie, anxiété, bipolarité,…), conséquences sur l’attention, la mémoire, le système immunitaire… On ne compte même plus tous ses dangers, il faut donc malgré tout rester vigilant.
Néanmoins, La France n’est pas non plus complètement fermée à une légalisation car une expérimentation du cannabis médical va débuter normalement dans ce premier semestre 2020.
Environ 3.000 patients devraient participer à cet essai de deux ans auquel l’Assemblée nationale a donné son feu vert fin octobre. Ces patients sont atteints de graves maladies qui sont soignées dans d’autres pays par le chanvre.
Une mise en vigueur définitive sera décidée après ce test, le chemin vers une légalisation partielle avance, mais pour une totale c’est encore un peu lointain, et utopique pour les ganjas français.
Claire (illu. d’Anaëlle)