Tenet : Qu’en pense-je ? ? ej-esnep ne’uQ : teneT

Attention : Cet article contient du divulgâchis (ou du gros spoil si vous préférez). Je tiens à préciser que les propos déclamés dans le texte qui suit sont issus d’une opinion subjective. Sauf si vous me prenez pour Dieu (auquel cas ça me fait chaud au cœur, mais ça me fait un peu flipper aussi).

Tenet est un film sorti le 26 août 2020, réalisé par Christopher Nolan, avec John David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki et Kenneth Branagh. Ce film était fortement attendu par les salles de cinéma pour relancer l’économie après le confinement. Les bandes-annonces laissaient croire aux cinéphiles que l’on aurait affaire à un Inception en plus compliqué. C’était pas totalement faux. Après la sortie du film, le mot d’ordre majoritaire des critiques était « déception ». Mais moi, pour être clair, j’ai bien aimé ce film.

Pour le résumer en une phrase : les gens du futur attaquent notre présent pour se venger de la planète toute pourrite qu’on leur a laissée. Le film ne se base pas que sur ce synopsis très original (qui consiste à présenter une entité qui se défend d’une entité qui l’attaque), il a un postulat de départ bien particulier : une technologie permet de faire un demi-tour dans le temps. À tous ceux qui ont eu mal au crâne en regardant les Visiteurs, je vous conseille d’arrêter de lire tout de suite.

Pas de voyage dans le temps tout bête comme dans Retour Vers le Futur. Non non non. Là on ne peut pas faire de « bonds » dans le temps. Dans le film, il y a deux façons de voyager dans le temps. La première, celle que la plupart des gens utilisent, en avançant.

Tout le monde fait ça, vous, Bérangère la boulangère et même Lucien le pharmacien. Cette méthode est très simple, elle consiste à aller de 2020, à 2021. La deuxième est toute aussi simple, mais pas très accessible, il suffit de reculer. Donc d’aller de 2021 à 2020.

Jusqu’ici rien de compliqué, les matins sont pour nous, les soirs des gens et des objets qui reculent.
Voilà, voilà. Mais concrètement, ça sert à quoi ? C’est sûr que dans le quotidien, ça n’est pas très utile. Mais quand on est un tordu de politicien qui gouverne le monde à coup de guerres et d’espions, c’est tout de suite beaucoup plus intéressant. Ça sert par exemple à envoyer un tueur dans le passé.

Vous ne pouvez pas l’empêcher de tuer sa cible, il l’a déjà fait (c’est là que la matière grise commence à faire des bulles).

Cette nouvelles technologie offre donc aux malades mentaux assoiffés de meurtres plein d’idées farfelues et de pouvoirs insoupçonnés. Par exemple, les gens du futur se disent : «Tiens ! Si on envoyait dans le passé une bombe qui inverserait le cours du temps pour l’intégralité de l’univers et qui détruirait par la même occasion la réalité ? » (Oui, il semble que la demi-mesure est une notion qui est vouée à l’extinction).

Avec ça, il ne reste plus à Christopher Nolan qu’à échafauder une histoire d’espionnage, de super agents qui sont trop forts et de très méchants russes. Les critiques se sont donc saignées à dire que le scénario était basique, que le film s’embourbait dans des promesses non tenues et que le réalisateur était prétentieux à faire des trucs compliqués que personne ne comprend juste pour faire l’intéressant (attendez, je reprends mon souffle). Je ne suis pas d’accord. Selon moi, le film a un scénario, certes pas très subtil, mais réussi. Il conte une histoire avec de vrais enjeux (la disparition de la réalité tout de même), un périple épique, plein de sensations fortes, de personnages crédibles et attachants. La partie grosse mécanique de voyage dans le temps qui fait mal au cerveau est aussi réussie : il n’y a pas d’incohérences (ou pas de trop grosses), tout est expliqué et, ce critère est subjectif, ça ouvre l’imaginaire.

Et, le plus important de tout, la suspension consentie d’incrédulité est convenable (la suspension consentie d’incrédulité, c’est un accord entre le spectateur et le scénariste qui consiste à dire : « certes c’est pas possible mais, si c’est trop crédible, ça va devenir nul »).

Puisque les deux choses principales du film sont réussies, pourquoi crier au nulisme ? Que le film soit réussi n’est que mon avis. Mais un tel acharnement sur un film pas si mauvais que ça à partir de détails insignifiants me paraît extrême. Selon moi, une partie non négligeable des critiques négatives sont émises par des personnes qui n’ont pas compris le film. Cela reste une erreur de la part de Christopher Nolan de ne pas avoir fait un film clair pour tout le monde.

Je vous conseille tout de même vivement le film (en salle parce que c’est toujours mieux), l’image est belle, la musique est bonne, les effets spéciaux (évidemment) très réussis et les acteurs très bons. Allez-y pour encourager Nolan qui a lutté contre la mise en plateforme de streaming de son film. Et pour une fois qu’un réalisateur ne viole pas des dizaines de femmes, rien ne nous empêche d’aller au cinéma.

Kayak (texte et photomontage)