Un symbole contre l’extinction

Vous avez sûrement déjà observé cet étrange symbole que l’on voit se multiplier dans les marches pour le climat. Mais que signifie au juste ce sablier entouré d’un cercle ? D’où vient-il ? Explications…

Ce symbole est présent partout dans le monde que ce soit en Nouvelle-Zélande, au Ghana, en Pologne, à Hong-Kong, à Paris ou encore à Londres. Inscrit sur des drapeaux ou des pancartes, c’est un symbole fort et omniprésent. D’après le Guardian (célèbre journal britannique), il est de plus en plus souvent représenté dans le monde de l’art et du tatouage. Le journal va même jusqu’à le comparer au symbole de la paix, initialement créé pour protester contre l’armement nucléaire en 1958. Mais que signifie-t-il réellement ?

Ses partisans l’appellent le «  symbole de l’extinction » (ou extinction symbol en anglais) : il représente le mouvement de masse contre la dégradation du climat et la destruction du monde naturel. Facilement représentable, il est composé d’un cercle symbolisant la planète Terre tandis que le sablier à l’intérieur sert d’avertissement : le temps s’épuise rapidement pour de nombreuses espèces. On peut aussi y voir un X pour «  extinction ».

Ce symbole est donc destiné à sensibiliser l’opinion publique à la nécessité urgente d’un changement afin de faire face à cette crise. Vous le savez, les chiffres sont alarmants : on estime qu’entre 30 000 et 140 000 espèces disparaissent chaque année dans ce que les scientifiques ont appelé l’Holocène (ou sixième extinction massive).

Ce processus continu de destruction est causé par l’impact de l’activité humaine. Au cours des prochaines décennies, environs 50% de toutes les espèces qui existent aujourd’hui auront disparu ! Une telle perte catastrophique de biodiversité risque fort de provoquer un effondrement généralisé des écosystèmes et par conséquent, de rendre inhabitable la Terre pour l’Homme.

D’où vient ce symbole ? Il faut savoir que ses origines sont antérieures au mouvement « Extinction Rébellion» (mouvement écologiste basé à Londres) qui l’a repris pour symboliser un phénomène mondial. Son auteur est un artiste anonyme basé dans l’est londonien. On le connaît cependant avec le pseudonyme : Goldfrog ESP. Pour lui, sa création est un projet anticonsumériste (contre la consommation de masse). Ainsi, les activistes d’Extinction Rébellion ont érigé des «  stations artistiques » au cœur des lieux de blocage ou ils proposent d’imprimer le logo sur des objets déjà existants. Mais, dans une récente interview accordée au site « Ecohustler », Goldfrog ESP a accepté de raconter comment l’idée du symbole lui est venue :

«  Dans les années 1990, je me suis rendu sur l’île du Sumatra pour visiter et j’ai finalement assisté à un désastre, celui de la déforestation. J’ai parcouru des kilomètres à travers un paysage dévasté de souches d’arbres noircies qui s’étendaient jusqu’à l’horizon. C’était horrible. A mon retour, j’ai décidé de m’impliquer dans plusieurs mouvements […], j’ai commencé à utiliser l’art pour protester contre la disparition des espèces. Mais cela ne me semblait pas être un travail suffisant par rapport à l’ampleur du problème. J’ai progressivement réalisé que la crise était si importante que je ne pouvais pas le faire seul, et qu’il me fallait donc quelque chose d’universel et de simple, facile à reproduire. Début 2011, je dessinais des motifs au hasard et dès que j’ai dessiné celui-ci, j’ai su que c’était le bon. »

Ce symbole est donc la création d’un artiste engagé. Il a été récupéré tout récemment par le mouvement Extinction Rébellion qui a vu le jour en 2018 à Londres.

Ce mouvement appelle à la désobéissance civile non violente contre l’inaction climatique.

Il compterait plus d’un million de membres à l’international, dont 2000 membres en France. On n’a pas fini de le voir… Suffira-t-il à sauver la planète ? L’avenir nous le dira.

Swann (texte et dessin)